Seul en scène écrit par Gilles Ramade et Jérémy Ferrari, interprété par Gilles Ramade dans une mis en scène de Jérémy Ferrari.
Toulousain pur jus, Gilles Ramade, artiste à tout faire aux faux airs de Régis Debray, revient en pianiste italien pour "Piano Furioso Opus 2", un spectacle qu'il a co-écrit avec Jérémy Ferrari qui le met également en scène.
Des premières gammes au piano-bar, il raconte l'itinéraire d'un enfant doué du piano. Pendant cette évocation pleine de justesse sur ce qu'être concertiste veut dire, il donne une formidable leçon d'amour pour la musique par un homme qui ne vit que pour elle.
Bien sûr, il n'a pas trouvé les huit notes qui ont enrichi celui qui a "composé" (avec de gros guillemets) "heu-reu-se-ment- il-ya-Fin-dus". Mais fort des 88 notes de son clavier, il est devenu un virtuose de son instrument et désormais aussi un virtuose du rire.
Car il sait à la fois jouer et raconter, prendre la bonne distance qui lui permet, mine de rien, de jouer du Schubert, du Bach et du Rachmaninov à des spectateurs qui sont plutôt du côté de "J'ai encore rêvé d'elle".
Constamment plein de trouvailles, "Piano Furioso Opus 2" c'est une heure et demie de rires et de musiques. Gilles Ramade se défroque peu à peu et ose de plus en plus. Aussi à l'aise dans le classique que le jazz, il rend un hommage éblouissant à Ray Charles.
Avant de s'amuser dans un final débridé à mêler Chopin et Amicalement vôtre (du grand John Barry), de donner une version piano de "Jeux interdits" en souvenir de tous les guitaristes qui pêcho les filles avant qu'il n'ait l'idée de contre-attaquer avec son piano-guitare électrique...
Egalement chanteur (d'opéra), il peut interpréter tous les tubes de la terre en yaourt anglais ou en faux russe. Et, s'il ne révélait au final que son accent italien est totalement factice, tout le monde repartirait persuadé qu'il est transalpin.
Si l'on jette un œil sur sa fiche Wikipédia, on comprendra très vite que Gilles Ramade est un surdoué. C'est aussi un passeur et quand il pratique avec des gommettes sur des touches, son numéro d'hypnose musicale avec un néophyte du piano, on sent qu'il a envie de dire : "allez-y ! ".
Et quand le jeune Sacha, volontaire du public, se retrouve à jouer un blues à quatre mains avec lui, l'air émerveillé que la musique sorte de ses doigts, on se dit que Gilles Ramade a peut-être transmis en trente secondes sa vocation, tout au moins, l'idée pour cet enfant de se mettre à la musique.
Ce spectacle populaire a de la classe. Ce moment furieusement piano proposé par Gilles Ramade vaut le détour musical. Et l'on attend désormais avec impatience ses prochains opus, mot pour une fois justement employé ! |