Comédie écrite et mise en scène par Bertrand Carnebuse, avec Pascal Hénault et Jérôme Lenôtre. Romancier, parolier et scénariste de bande dessinée, Bertrand Carnebuse signe avec "Dans les jardins de Carlos et Nestor " un premier opus théâtral atypique et singulier qui, de surcroît, mérite bien sa qualification de "fantaisie horticole" dès lors qu'il se déroule dans le pré-carré d'un jardin avec deux protagonistes florophiles.
L'un, Castor Gomez a l'allure bonhomme du jardinier dont il porte la tenue idoine, l'autre, Nestor Castafiore, pas du tout avec sa tête de métèque, en jeans et santiags. Mais tous les deux, le premier, ex-policier spécialisé dans l'infiltration, le second mafieux repenti, participeraient à un protocole de protection des témoins afin de préparer leur retour au monde sous une autre identité.
Les deux gus ne sont pas piqués des hannetons, mais peut-être bien piqués tout court, car au fil de leur échanges aussi musclés que fleuris qui prennent d'étranges tournures, toutes les certitudes s'effondrent.
Sont-ils vraiment dans l'antre des services secrets, dans un asile psychiatrique ou dans un jeu de rôles entre amis ? Ou, plus simplement, leur rencontre n'étant évidemment pas fortuite, un règlement de comptes ?
Dans cette comédie à géométrie variable, car, polissée à l'épreuve de la scène, les réprésentations se suivent et ne se ressemblent pas, la trame se développe en montagnes russes sur une thématique inattendue qui se dévoile pudiquement sous les coups de geule des personnages.
L'auteur, au pseudo-patronyme qui fleure bon le personnage de roman de cape et d'épée, hybride le huis-clos dramatique et la divagation surréaliste, le duo clownesque et la rixe de tontons flingueurs en usant notamment, et de surcroît, avec talent d'une langue pour le moins fleurie (sic), l'argot à la façon audiardesque mêlé d'envolées alexandrinophiles.
Dès lors, les amateurs des parodies de film policier et d'espionnage des années 1960-1970 retrouveront en Castor, interprété avec pétulance par Jérôme Lenôtre, le "gros nave" qui se prend pour un matamore "au glaive vengeur et au bras séculier" et en Nestor, campé avec fougue par Pascal Hénault, le gangster patibulaire au gros calibre chatouilleux et dispensateur de "coups de pompe dans l'oigne", emplois dans lesquels excellaient respectivement Bernard Blier et André Pousse.
Les dialogues s'avèrent donc jubilatoires et les trois mousquetaires, l'auteur, également metteur en scène, et les comédiens forment une belle brochette de joyeux drilles qui se plaisent à dispenser un excellent et roboratif divertissement qui cache bien son jeu.
|