Comédie dramatique écrite et mise en scène par Pascal Rambert, avec Véro Dahuron et Guy Delamotte. Une rencontre entre Pascal Rambert et le Panta Théâtre de Caen à l’occasion de la représentation de "Clôture de l’amour" il y a trois ans. L’entente entre eux fût telle que Véro Dahuron (qui dirige le lieu avec Guy Delamotte) demande par la suite, à l’occasion de sa deuxième visite un an après, à l’auteur d’écrire un texte pour le Panta.
Quelques mois plus tard, ils recevront une pièce : "Reconstitution" écrite pour eux deux qu’il leur propose de mettre en scène, sur un couple qui s’est aimé et loue une salle de théâtre pour "remettre en ordre" leur présent.
Un sol blanc, des néons : une scénographie qui rappelle étrangement "Clôture de l’amour", tout comme les vêtements des personnages. Mais si, dans la pièce de 2011, le couple Audrey et Stan mettait fin avec une violence difficilement contenue à une histoire d’amour forte, l’amour ici subsiste encore chez Véronique et Guy qui tentent d’en recréer les premiers instants.
C’est Véronique qui tout de suite mène le jeu et propose des exercices d’échauffement un peu de gymnastique, un regard silencieux prolongé et peu à peu réapparaissent les sensations. A son entrain conjugué à un grand calme à elle, il oppose son angoisse et sa maladresse.
Sur quatre tables sont posées des objets : deux pour les objets du passé (livres, vêtements, photos d’époque) dans des boîtes, une avec une plaque électrique et une grande casserole pour le repas puis une dernière avec des objets divers pour la reconstitution.
Il faudra se souvenir de tout, rejouer la scène de leur rencontre (avec une débauche d’accessoires). Dans un long cheminement où chaque étape de cet amour sera évoquée, la tentative de reconstitution prend peu à peu des allures de cérémonie mystique où le couple tente de conjurer le mauvais sort.
Encore une fois, Pascal Rambert propose des envolées sublimes de poésie et de vérité, une façon très simple et concrète de dire les choses en même temps qu’un lyrisme échevelé. Des répliques rythmées parfois comme un slam qui vrillent et s’insinuent pour évacuer toutes les incompréhensions, faire éclore les émotions.
Comme dans "Clôture de l’amour", Véronique lancera soudain comme un long réquisitoire à Guy, qui l’écoute assis, un monologue aux phrases interminables pour dire tout le désarroi de l’abandon, faire un constat amer de la situation et défaire le nœud qui les étrangle. Pour se réconcilier enfin.
Il y aura alors ce final de toute beauté empreint d’une tendresse déchirante qu’on ne dévoilera pas, qui donne à ce "Reconstitution" une force et une émotion rare. Véro Dahuron et Guy Delamotte sont infiniment vrais et magnifiquement beaux. Tous deux jouent avec une sincérité non feinte l’histoire d’amour d’une vie. C’est infiniment poignant. |