Spectacle conçu et interprété par Etienne Saglio.

Les limbes, espace-temps de l'au-delà entre le Ciel et l'Enfer associé au territoire des âmes errantes, constituent un univers de prédilection pour un spectacle inscrit dans le genre du fantastique et du merveilleux qui induit un effet magique.

Tel est le cadre dans lequel se déroule le spectacle conçu et interprété par Etienne Saglio, jongleur formé au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne et magicien membre du Collectif Magie nouvelle.

Sur une trame définie par Valentine Losseau et Raphaël Navarro qui emprunte au thème classique du double, "Les Limbes" invitent à une expérience immersive dans le surnaturel en suivant le périple d'un homme qui, entre rêve, hallucinations et expérience de mort imminente, se retrouve face à lui-même de manière janusienne et à d'étranges créatures.

Avec les extraits de la magnifique partition "Stabat Mater" de Vivaldi avec le chant du contreténor Carlos Mena, ce périple enchanteur à l'esthétique magnifique est dispensé avec une dextérité émérite et une remarquable fluidité par Etienne Saglio.

Et effectivement la magie opère. Mais une magie qui résulte de l'adhésion de l'imaginaire du spectateur avec une forme qui, de fait, est celle du théâtre visuel en tant qu'hybridation de différents arts scéniques.

Ainsi l'estampille "magie nouvelle", qui relève, de l'aveu même de Raphaël Navarro fondateur du collectif précité, du packaging marketing, consiste à associer l'art de la prestidigitation traditionnellement cantonné au cabaret et au cirque à d'autres disciplines qui reposent sur l'illusion dont, comme en l'espèce, le théâtre, avec une trame narrativo-dramatique, l'art marionnettique et le théâtre d'objets.

Le grand atout de cette fantasmagorie réside, outre l'interprétation inspirée d'Etienne Saglio, dans sa conception formelle qui repose sur le contraste entre l'atmosphère oppressante ressortant au romantisme noir créée par le superbe jeu des lumières élaborées par Elsa Revol et l'onirisme induit par la créature polysémique, spectre, ectoplasmique ou esprit, dont la matérialisation puise dans les codes de la peinture symboliste.