Le livre 2 de La symphonie du hasard de Douglas Kennedy nous avait laissé avec un cruel "à suivre" qui nous laissait dans l’interminable attente du tome 3 pour avoir enfin la fin de cette majestueuse trilogie. Seulement un mois après avoir lu le livre 2, les éditions Belfond publient donc ce Livre 3, nous permettant de poursuivre les déambulations d’Alice à la fin des années 70.

On retrouve donc Alice après le tragique évènement qu’elle a connu à Dublin à la fin du livre 2. Elle retourne aux Etats-Unis, entre New-York et Boston avec l’ambition de se reconstruire dans tous les domaines. On est à la fin des années 70 et dans les années 80. L’Amérique et ses mentalités évoluent autour d’Alice, avec l’émancipation des femmes, la militance gay et la révolution sexuelle. Le divorce n’est plus tabou, le SIDA commence à faire des dégâts dans une société gangrénée par le cynisme et l’ère du fric à gogo. La montée du SIDA fait l’objet de pages extrêmement émouvantes. Reagan est arrivé à la présidence des Etats-Unis, l’ultra-libéralisme se développe à ses côtés et les jeunes américains se mettent à la musique punk.

Pour se reconstruire, Alice s’appuie sur ses amis et ses activités professionnelles. Ses relations familiales restent compliquées, notamment avec sa mère mais aussi un peu avec ses deux frères qui prennent plus de place dans ce troisième livre. Alice part de la maison familiale pour aller s’installer à New-York chez l’un de ses amis. Elle accepte un poste d’enseignante dans une université puis plus tard un travail dans l’édition.

L’auteur nous livre dans ce troisième livre de magnifiques portraits de cette famille, déjà entamé avec celui d’Alice qui est au cœur de la trilogie. Le premier tentera de percer dans le monde des écrivains quand l’autre embrasera une carrière à Wall Street, symbole de la période. Les tourments de sa famille continuent et un nouveau drame va lui tomber dessus. Alice doit toujours y faire face, comme elle le peut, tel un pilier qui encaisse tout en souhaitant parvenir à réunir définitivement cette famille. Alice est une femme fragile et complexe qui encaisse les traumatismes en meme temps que son pays et sa société évoluent.

Douglas Kennedy continue donc cette immense fresque de l’Amérique construite autour du personnage d’Alice, de sa vie, de ses déboires et de ses réussites. Il confirme le talent qu’on lui connaissait déjà pour narrer et croiser la petite et la grande Histoire. Il parvient à nous décrire l’évolution de la société américaine depuis les années 60 au gré des changements politiques avec, comme toile de fond, la famille Burns. Son écriture, fluide, juste et réaliste nous permet de ne pas voir passer ces trois livres qui, au final, compteront plus de 1500 pages.

A la fin du livre, un énigmatique "à suivre" nous emmène de nouveau dans le doute, non pas d’un éventuel quatrième tome puisque c’est une trilogie mais dans la question de savoir ce que nous prépare encore ce grand auteur américain que l’on prend toujours plaisir à lire.

A suivre donc…