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Quieter  (Constellation Records)  mai 2018

C’est un euphémisme de dire que j’ai attendu ce nouvel opus avec impatience. Fébrilité devrais-je dire, à l'écoute des deux titres postés en avant garde pour annoncer ce retour, après de trop longues années d'absence.

Carla Bozulich travaille dans l'ombre depuis bien des années, et avant de se lancer dans une carrière solo, elle a été de différents projets, tous plus passionnants mais aussi barrés les uns que les autres. De Scarnella à Ethyl Meatplow, les albums auxquels elle a participé sont tous aussi passionnants qu'équilibristes.

Entre fureur et beauté maquillée, entre chute dans le vide et équilibre fragile, Carla Bozulich, c'est d'abord une voix, grave et divanesque. Une sorte de freaks de cabaret, où se télescoperaient rock indé, post-punk et post-rock. Souvent située aux avants post, la chanteuse a peu à peu façonné son univers qui ne ressemble à nul autre. Mais la divine ne se prend pas pour autant pour une diva, et se remet en cause et à l’œuvre à chacun de ses albums.

Le nouvel album ne déroge pas à cette règle d'inclinaison vers l'avant. Si Carla dispose de collaborateurs de prestique (Marc Ribot, quand même), elle semble être seule à l'abordage de votre cœur émietté à l'écoute de ces sept nouveaux titres. L'épure est le maître mot de ces longues divagations. "Let It Roll" s'enlace autour de vous dès les premières notes embrumées et la voix de Carla, chargée d'un léger écho, résonne tout en bas et s'envole tout en haut. Il suffit de quelques accords de piano derrière l'ambiance onirique pour que la lumière se diffuse en vous par tous les pores comme un phare vous indiquant le chemin à suivre. Les arrangements enflent peu à peu, mais elle ne lâche jamais sa trame harmonique derrière les rives vacillantes.

La force de l'album réside notamment dans sa capacité à maintenir une tension palpable tout en y mêlant la beauté sauvage que Carla Bozulich a toujours possédé. Les morceaux se croisent, se répondent, et ont rarement d'ossature rythmique pour mieux vous envelopper car si "Sha Sha", balade suspendue aux notes métalliques d'un xylophone, et soutenue par une batterie minimaliste, s'offre le plaisir de vous faire danser au milieu de lampions désolés, avec l'aide de violoncelles aux arabesques baroque, le reste du disque surprend par son décor sans soutien.

La somptueuse "Glass House" diffuse quelques notes en guise de murs, avec des arrangements étranges, des bruits abscons, et des écorchures plein la voix, noyée parfois sous des effets qui ne desservent pas une seule fois la musique à haute teneur émotionnelle. Chaque plage offre alors des étendues naviguant entre les silences suggérés, les respirations infinies et les divagations sonores rappelant son passé, notamment au sein de Scarnella.

Pas un instant pourtant, l'ennui ne pointe à l'horizon toujours ouvert. Il y a dans les lenteurs de Carla une profonde singularité, à l'instar de sa voix qui résonne comme jamais car traitée, renversée, distillée, distordue alors qu'elle spsalmodie le bleu des enfers, le rouge incandescent des chaleurs humaines, l'amour impatient des amants clandestins. Les guitares, les violoncelles, les pianos, les sonorités étendues se mêlent, s'entremêlent à corps perdus dans une ronde incantatoire et électrique où les accroches mélodiques sont inachevées pour mieux laisser l'imaginaire prendre le dessus.

"Written In Smoke" offre le point d'orgue de cette mélopée sous-terraine, avec ce coeur qui bat mais qui croule sous le poids carnassier d'une distorsion élimée, alors que la voix se trouve ralentie, malaxée pour finir défigurée et inhumaine. Puis "End Of The World" rompt brutalement le rythme, les silences, les fonds sonores. Une guitare jazzy vous prend par surprise, comme l'on prend une femme par la taille dans une cuisine tamisée pour la faire danser les yeux dans les yeux au fond d'une soirée énamourée. On peut alors valser paisiblement, s'offrir lentement à la fin du disque, comme une rencontre capitale qui se joue alors que l'orchestre range déjà les instruments et que seuls le guitariste et la chanteuse offrent une dernière danse avant de s'évanouir définitivement.

Carla Bozulich vient d'offrir là l'un de ses plus beaux disques. Un carton d'invitation crépusculaire pour un voyage alangui et mélancolique.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

Carla Bozulich en concert à L'Aéronef (jeudi 16 avril 2015 )

En savoir plus :
Le site officiel de Carla Bozulich
Le Bandcamp de Carla Bozulich
Le Facebook de Carla Bozulich


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