Transposition théâtrale de l'entretien télévisé entre Marguerite Duras et Bernard Pivot interprété par Sylvie Boivin et Claude Gallou. Transposition théâtrale de l'entretien télévisé entre Marguerite Duras et Bernard Pivot interprété par Sylvie Boivin et Claude Gallou.
Avec " Apostrophes Duras Pivot", Claude Gallou a conçu ce qu'il définit comme "un plateau à remonter le temps" en transportant le spectateur au 28 septembre 1984 lors d'une édition spéciale de la notoire émission littéraire télévisée "Apostrophes" créée et animée par Bernard Pivot.
Date à laquelle, dans un entretien individuel diffusé en direct, le journaliste reçoit la romancière, dramaturge et réalisatrice Marguerite Duras, alors boudée par les médias, à l'occasion de la publication d'une de ses oeuvres-phares, "L'Amant", qui s'affiche comme un inattendu et conséquent succès de librairie et, par ailleurs, en lice pour le convoité Prix Goncourt, qui lui sera effectivement décerné rattrapant ainsi la déconvenue subie trois décennies auparavant avec "Un barrage contre le Pacifique".
A partir de ce roman en forme de flash-back relatant, à la fin des années 1920, sa liaison de toute jeune fille avec un riche Chinois, Bernard Pivot oriente judicieusement, et de manière stratégique, l'entretien sur deux axes : le style - voire le secret - de l'écriture durassienne et le caractère autofictionnel sinon autobiographique de l'œuvre littéraire de Marguerite Duras qui use à l'envi de l'ambiguité.
Claude Gallou a opté pour une transposition à l'identique qui s'avère donc une une reconstitution fidèle jusqu'au dispositif scénique, un face à face en bout d'une table toutefois démesurément longue et placée en extrême avant-scène, qui, s'il accentue la proximité avec le public, présente l'inconvénient, lié à l'absence des caméras qui opéraient des gros plans, de ne quasiment voir les officiants que de profil.
Opérant une interprétation mimétique, Claude Gallou incarne parfaitement le Bernard Pivot taquin, sans doute pour masquer sa déférente admiration, qui use d'un ton badin pour pousser la dame dans ses retranchements tant de sphynx littéraire que de femme.
De même pour Sylvie Boivin qui restitue crédiblement l'attitude et le ton de Marguerite Duras, esprit vif dans un corps monolithique, qui se prête, non sans humour, au jeu du chat et de la souris avant de livrer l'essence de ce roman, l'éblouissement de l'amour. |