Cette mixtape de Bleu Russe, c’est un peu comme un bal à Maubert-Fontaine au début des années 90. Si vous ne connaissez pas Maubert-Fontaine, c’est une petite commune dans les Ardennes. De ces communes dans l’angle mort de la France. Bref, un bal à Maubert-Fontaine au début des années 90, c’est la fête.
C’est excitant comme d’être entre amis. De ceux avec qui on partage les mêmes valeurs et la même passion (Monsieur Connard, Gontard, Rouge Renarde, Vestale Vestale, Les chevals hongrois, Roland Furieux, Pablo…).
C’est enivrant, rude comme lorsque les corps et les esprits s’échauffent, âpre comme la misère sociale, rugueux comme une bagarre. Cela brasse le hip-hop, l’électro, le rock, la pop, l’indus. Cela tape dur mais toujours juste.
C’est étourdissant (il faut écouter les presque tubes "Arôme cyprine", "Le suicide du pigeon", "La gloire de l’arbitre", "Une ombre géante") comme une partie de jambes en l’air à l’arrière d’une voiture, dur comme un lendemain brumeux.
Missives d’amour, c’est une expérience frontale. Une superbe expérience frontale. Bleu Russe joue avec les codes, les esthétiques, cache un do it yourself derrière des productions sacrément malines et un certain second degré. Subversif, souvent poétique (entre noirceur et réalisme), parfois vulgaire (de celle que l’on regrette, ou pas, d’aimer) : oui, expérimental ou parodique : non.
Issu de la scène underground grenobloise, David Litavicki n’est plus un débutant. Il s’est construit petit à petit au sein de différents groupes : Et Après ?, Churros Bâtiment, As A New Revolt. En solo, il se cherche esthétiquement entre guitares (l’EP Déchire mon crâne et gratte ma cervelle avec un coupe-ongle) et électro version Fruity Loops (son premier album Pigeon). Avec cette mixtape, il se montre addictif, impertinent, poétique, libre, vif et bien plus provocateur que ce que le genre nous déverse actuellement...