LA MAUVAISE REPUTATION
Réalisé par Iram Haq. Allemagne/Norvège/Suède. Drame. 1h47 (Sortie le 6 juin 2018). Avec Maria Mozhdah, Adil Hussain, Rohit Saraf, Ekavali Khanna, Ali Arfan, Sheeba Chaddha, Lalit Parimoo et Jannat Zubair Rahmani.
Indéniablement l’une des sensations 2018. Si ""Call me by your name "était une ode poétique à l’amour homosexuel et à la tolérance, "La mauvaise réputation " est une bombe cinématographique âpre, acre, faisant éclater au grand jour - au moment opportun du mouvement #metoo - la condition féminine frappée de plein fouet par la culture dans laquelle elles ont le malheur de naître.
Une jeune comédienne, Maria Mozhdah , extraordinairement prometteuse, subit ainsi l’humiliation, l’exil forcé dans son Pakistan d’origine avant que sa famille ne veuille la marier de force.
Sans pathos aucun mais en traitant les sujets bien en face, sans détours politiquement corrects et par des prismes très peu utilisés jusqu’alors (notamment le joug sous lequel les femmes elles-mêmes peuvent maintenir leurs filles ou cadettes), la réalisatrice norvégienne Iram Hag signe un très grand film féministe aussi culotté que sensible. Toutes les associations œuvrant à la cause devraient en faire la promotion.
JURASSIC WORLD - FALLEN KINGDOM
Réalisé par Juan Antonio Bayona. Etats Unis. Aventure. 2h08 (Sortie le 6 juin 2018). Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Daniella Pineda, James Cromwell, Toby Jones et Isabella Sermon.
D’aucuns se surprendront de mon enthousiasme le blockbuster hollywoodien "Jurassic Park- Fallen Kingdom". C’est faire fi de l’éclectisme cinématographique qui attise mon goût. Commercial et populaire ne sont pas nécessairement des mots vulgaires.
La franchise créée par Steven Spielberg tient sur la longueur, c’est un fait. Même si l’empereur de l’entertainment de qualité ne tient plus lui-même les commandes, il conserve le rôle clé de producteur exécutif et se mêle des moindres aspects.
Résultat : un histoire palpitante, inspirée des aventures d’Indiana Jones autant que des fresques cinématographiques en savane africaine des années 30 à 80, pleine de rebondissements et de surprises saupoudrée d’un zeste d’humanisme et de considérations philosophiques qui assurent à l’affaire d’une poignée de dinosaures terrifiants, une portée... inattendue.
Le duo star - Chris Pratt et Bryce Dallas - est sexy en diable, savant mélange de courage, de force, d’humour, même si l’on put nous épargner l’éternel "je suis un grigou aigri et rangé des bagnoles qui se construit sa maison du lac en buvant des bières tièdes mais j’accepte de venir sauver la planète parce que je suis un mec trop cool".
Les seconds rôles ne sont en rien négligés, ni dans l’écriture no dans le casting. On tient peut-être là le volet de plus abouti de la série des "Jurassic Park". A voir seul ou avec toute la famille.
MON KET
Réalisé par François Damiens. France/Belgique. Comédie. 1h29 (Sortie le 30 mai 2018). Avec François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo, Christian Brahy, Serge Hutry et Nancy Slus.
Français Damiens se lance dans la réalisation avec "Mon Ket " en reprenant un dispositif qui a fait sa gloire, la caméra cachée en l’occurrence. Certes tout n’est pas réussi, un peu comme le long métrage de Camille Cottin qui elle aussi construisit un scénario autour de son personnage "Connasse".
On sourit plus qu’on ne rit aux éclats, malgré quelques bonnes séquences pendant lesquelles Damiens choque le chaland avec l’aplomb qu’on lui connait. /p>
Si le scénario comme la mise en scène restent un peu bancales, il parvient non sans une certaine poésie, à dresser le portrait d’un père aimant son fils, et celui de quidams emplis de gentillesse et de bienveillance.
Un peu de tendresse dans ce monde de brutes.
DEMI-SOEURS
Réalisé par Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne. France. Comédie . 1h45 (Sortie le 30 mai 2018). Avec Sabrina Ouazani, Alice David, Charlotte Gabris, Barbara Probst, Patrick Chesnais, Meriem Serbah, Ouidad Elma et Antoine Gouy.
Dans "Demi-soeurs" de Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne, les trois comédiennes de cette énième comédie sur le vivre ensemble, font ce qu’elles peuvent pour donner le souffle qui manque au scénario. Car l’exercice de la comédie mêlant bons mots et portée sociale reste délicat et requiert la plus grande rigueur dans l’écriture et dans le rythme.
<> On mélange ici "Les 3 frères" où les Inconnus nous faisaient hurler de rire grâce à un jusque-boutisme et une autodérision singulièrement plus solides, et "Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?". Rien de très original, donc, dans cette histoire de demi-sœurs réunies par l’héritage d’un père inconnu et contraintes à la cohabitation.
Réussir une telle entreprise requérait plus de niaque. C’est le cas dans de trop rares scènes pour emporter les suffrages d’un public qu’on gave de productions françaises construites trop souvent sur les mêmes codes.
Vents d'Orage