En entrant sur le site, il apparaît clairement que le Download Festival a tiré les leçons des nombreux reproches qui lui avaient été faits les années antérieures... Pour cette troisième édition, tout ce qui était imparfait en 2017, comme par miracle, s'évapore en 2018 : les bouchons sont une rigolade, l'attente pour récupérer son pass une misère, le cashless sans queue, bref une vague de satisfaction rafraîchit la festivalière particulière que je suis. L'herbe est haute et le temps clément, allons gambader sur la BA 217.
Je laisse "Billy (No) Talent" (jeu de mots que je pique honteusement à un petit rigolo du VIP déjà ivre à cette heure !) officier sur la mainstage, et j'attends patiemment l'entrée des Suisses de Eluveitie. Placé dans la catégorie "folk metal", ce groupe a de quoi plaire aux amoureux (comme moi) d'Irlande, de vielles à roue et de teen whistle... L'entrée en matière, sous l'angle de la programmation, est audacieuse et réussie – et Eluveitie s'avère être un groupe bien plus musclé et convaincant sur scène que dans leur clip, mielleux à souhait. A voir en live... Sinon rien.
Changement de folklore avec la grand messe de Powerwolf, sorte de passage essentiel dans un festival "metal". Du costume au grimage (il existe l'illusion théâtrale, y a-t-il une illusion metal ?), en passant par l'excès de reverb et les "alleluiah" intempestifs, on sait de toute façon que ce n'est pas vraiment notre tasse de thé musicale, mais que le goût du spectacle (heureusement) rattrape le tout. On saluera tout de même le français impeccable de Attila Dorn, et, surtout son souci de dialoguer avec son public...
Évidemment, je ne peux pas rater les Sidilarsen – groupe de cœur depuis bien longtemps. Relégué sur la "spifire stage", le groupe n'a rien à envier aux grands au regard des fans amassés derrière les crash. Si l'énergie est toujours clairement au rendez-vous, si le rapport au public est toujours aussi exceptionnel, la scénographie ne mériterait-elle pas un peu plus de renouvellement ? A méditer peut-être.
Opeth était un peu, pour moi, LE groupe de la journée. Moralité : musicalement, c'est exceptionnel, merveilleux, équilibré, tantôt acoustique et tantôt guttural, complètement progressif, complètement génial. Scéniquement, en revanche, c'est d'un ennui assez mortel et, forcément, c'est un peu décevant.
On est faible, tellement faible, qu'on se laisse amadouer par la grosse machine de Ghost, plutôt que d'aller découvrir le très rock Vandenberg's Moonkings – dont les retours sur le live sont excellents. Immanquablement, le nombre de photographes dans la fosse a doublé, et la magie du groupe perd clairement en puissance dans ce live diurne – le romantisme du coucher de soleil s'accorde mal avec le cérémonial masqué. Comme d'habitude, j'approuve certains morceaux ("Asches and rats") et je baille sur d'autres ("Faith"). L'engouement Ghost me laisse toujours aussi perplexe – même si la maîtrise technique et la présence scénique des "nameless ghouls" ne sont plus à prouver...
Pas de photos, pas de report : tant pis pour vous, monsieur Osbourne.
Un petit mot, quand même, sur le site du Download. Pas de grand changement, à vrai dire, mais ça nous évite de perdre complètement nos repères. Du merch', de la bouffe et encore de la bouffe, des tatoueurs et des barbiers, de la bière à foison, et un site étrangement peu peuplé – la faute "aux grèves" selon les organisateurs (si l'on reprend, en substance, un article du Parisien publié le 15 juin 2018). La faute, peut-être aussi tout simplement, au capitalisme, qui fait travailler les gens le vendredi – alors que les concerts commencent peu après 15h – et se terminent à 23h30... Un léger décalage ne pourrait-il pas être envisagé, au moins pour le vendredi, dans les années à venir ?
On file voir Converge, histoire de terminer en beauté, et sans regret aucun. Primal, sauvage, hardcore, saturé, onomatopéique, purement et simplement bruyant, Converge c'est pour moi LA découverte de la journée – honte à moi, s'agissant d'un groupe qui existe depuis 1990. Quoi de mieux qu'un final cathartique pour terminer cette (très bonne) première journée ? |