Deux disques, deux parties, deux raisons différentes mais pas si éloignées d’aimer ce Murmures...

Depuis quelques temps, la musique de Tom Bourgeois ravit les oreilles de ceux qui connaissent son travail. Il faut se plonger dans les presque haïkus de Septembre, recueil de courtes pièces pour piano solo, dans les voyages du trio Tó, dans l’aventure du duo Moanin’Birds avec Fil Caporali, dans sa musique de films (Les Enfants et la chèvre (2017) Septembre (2015) de Louise Dendraën, Créatures de Camille Mol (2016)) ou de documentaires (Enfants des pierres (2013) et Le soldat inconnu (2014) de Maxime Coton (2013)), dans la poésie de l’ensemble Canopée.

Et il faut également se plonger dans ces Murmures, entre musique jazz et musique contemporaine, combinant forme classique et style moderne. Le premier disque est centré autour de dix compositions du saxophoniste Français, de Loïs Le Van et de Charles Mingus. On y retrouve des compositions et des arrangements soignés au service d'un univers riche et accessible.

Tom Bourgeois tisse pour ce quartet étonnant plus proche d’une esthétique de musique contemporaine et de la musique de chambre que de la musique jazz (saxophone, accordéon, guitare, voix, sans basse ni rythmique) une musique pleine de couleurs et de climats, de richesse mélodique et harmonique sur des textes de Popp Eszter, Laura Karst, François Vaiana chantés par Loïs Le Van. Il y a de la finesse dans l’écriture comme dans l’interprétation (avec Thibault Dille à l’accordéon et Florent Jeunieaux à la guitare) avec ce style souple et expressif. Il y a de belles rondeurs, du velours.

Le deuxième disque sont de très intéressants arrangements de la sonatine et du quatuor pour cordes en Fa Majeur de Maurice Ravel où Tom Bourgeois redistribue les rôles et les sonorités (le premier mouvement à l’accordéon, le second au saxophone soprano, le troisième avec un texte de Vaiana chanté par Le Van et le quatrième à la guitare). On retrouve cette inspiration debussyste, ces lignes pures et cet équilibre architectural. François Vaiana a raison, il faut "prendre le temps d’écouter les murmures dans l’air". Et ceux proposés par Tom Bourgeois sont de toute beauté.