Textes de Jacques Bonnaffé et Jean-Pierre Verheggen interprétés par Marie Thomas accompagnée par le pianiste Benoît Ribière dans une mise en scène de Michel Bruzat.
"Le devoir de l’art est de fracasser les consciences". Michel Bruzat aime cette citation de Louis Calaferte et spectacle après spectacle, il l’illustre à la perfection avec le Théâtre de La Passerelle de Limoges où, artisanalement au sens le plus noble du terme, il crée des spectacles capables de transmettre de la plus belle façon qui soit les idées et les mots.
Pour "Ridiculum vitae" il assemble deux textes cousins en poésie. Le premier, très court, de Jacques Bonnaffé montre une adjointe à la culture d’une ville prononcer devant le rideau rouge un discours d’inauguration.L’occasion de se moquer gentiment des travers des politiques, des phrases toutes faites et absconses. De la langue de bois et vide de sens. Puis la comédienne monte sur scène et part dans les étoiles.
Le poète belge Jean-Pierre Verheggen prend le relai, sculpteur de mots qui en pluie se télescopent, avec un monologue anarchiste et vivifiant encourageant à ne pas se prendre au sérieux. Une langue libre, échevelée et pétillante. Qui ose tout et livre entre dérision et délectation un monologue époustouflant.
Croisant deux écritures, celle caustique de Bonnaffé et celle truculente de Verheggen, Michel Bruzat offre une nouvelle fois à sa comédienne fétiche Marie Thomas ("Histoire de Marie", Le Cabaret de la vie", Comment va le monde ?" un espace de jeu idéal pour cette surdouée de la scène, instinctive à l’émotion vibrante. Un fantastique écrin pour son incroyable talent.
Une fois de plus, elle nous émerveille. Elle a la même liberté infinie sur scène que l’ont les poètes dans leurs textes et dessine au micro des arcs-en-ciel de bonheur pour que les mots s’y promènent.
Sous la direction fine de Michel Bruzat et la lumière magique de Franck Roncière, accompagnée délicatement par Benoît Ribière au piano, elle les triture, les réinvente, les fait valser de joie et les envoie partout autour d’elle dans l’espace en un grand feu d’artifice. Fracassant au passage les consciences des spectateurs qui la remercient debout. |