La photographie en noir et blanc de cet homme blanchi par les ans, au regard perçant et au faciès sévère en devient presque familière. Cet homme qui décrivit son siècle avec une plume sans mensonge et sans fard. Cet homme perspicace au talent maints fois loué. Victor Hugo n’en finit pas d’inspirer les foules à la recherche d’intemporel et de vérité canonique.
Florent Vintrigner met La Rue Kétanou dans ses parenthèses pour s’atteler à l’intrépide mission de ressusciter le poète dramaturge. Et c’est accompagné de Benoit Laur et Arnaud Viala qu’il forme La Green Box en mettant en musique des écrits de Victor H.
Des Châtiments à L’Art d’être grand-père, en passant par Les Orientales, le choix fut très certainement difficile, mais se vit facilité à la lueur des actualités. Faisant de l’auteur un contemporain bluffant de justesse, au verbe concis et aux propos efficaces.
Authentique dans les propos, La Green Box marie merveilleusement les mots avec ses sons, invitant une musique folk langoureuse dans ces morceaux, des guitares vibrantes à ficher les poils, des percussions à marteler le palpitant d’un rythme épique. Et une voix, la voix de Florent Vintrigner, sans artifice, convaincue et généreuse.
Les textes, évidemment, sont primordiaux, à commencer par le mépris de Victor Hugo pour son gouvernement et ses conquêtes meurtrières : "Mes griffes sont prêtes / Mais je pense et je dis que nous sommes des bêtes / De nous entretuer avec tant de fureur /Et que nous ferions mieux de manger l’empereur". ("Dans le cirque"). A suivre dans Les contemplations.
Submergé d’amour par la vision de ses enfants, puis de ses petits-enfants, il décrit cet émerveillement à plusieurs reprises, et ses vers sont vérifiés par tous les papas-poules du monde : "Elle faisait mon sort prospère / Mon travail léger, mon ciel bleu / Lorsqu'elle me disait : Mon père / Tout mon cœur s'écriait : Mon Dieu !" ("Quand nous habitions tous ensemble").
Effarant de constater que "Le voile" reste cruellement actuel, cantonné aux faits divers morbides, faisant épisodiquement la une. Amusant de déceler la duperie sous les grands airs "Fable ou histoire". Etonnant de retrouver sa propre nostalgie du soleil au cœur de l’automne "Novembre".
A celui qui serait tenté de penser qu’entonner de la poésie classique est rasoir, jetons lui l’intensité des premiers accords, enivrons-le de révolte et de sincérité. Victor Hugo est définitivement contemporain, sa relève est assurée, elle s’appelle Green Box.
Comme quoi, qui sait observer son époque peut prédire l’avenir. Absolument intemporel. "Maintenant, je suis homme, et je m'appelle Dante." ("La divina")
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