Réalisé par Haifaa Al Mansour. Etats Unis. Drame. 2h00 (Sortie le 8 août 2018). Avec Elle Fanning, Douglas Booth, Tom Sturridge, Bel Powley, Owen Richards, Joanne Froggatt, Stephen Dillane et Maisie Williams
"Mary Shelley" de Haiffa Al-Mansour pourrait être le biopic anglais parfait puisqu'il conte l'histoire de Mary Shelley, auteur de "Frankenstein", femme du poète Percy Shelley et maîtresse de Lord Byron.
On imagine un film à beaux costumes,dans l'Angleterre de 1814, avec des va-et-vient entre le Londres bohème et glauque et la campagne verdoyante des grands domaines pour aristocrates déjà dandys et décadents à l'image de Lord Byron.
On aura raison d'imaginer tout cela, mais tout n'est pas "british" dans cette version de la jeunesse sulfureuse de Mary Shelley. À commencer par la réalisatrice, connue déjà pour être la première cinéaste native d'Arabie Saoudite.
On sent qu'elle a pris totalement le parti de la frêle jeune épouse de Shelley au point de faire de son mari un être irrésolu et pas très mâture qui devient sans beaucoup d'effort la "créature" d'un Lord Byron dépeint comme un affreux jojo, pervers et machiavélique...
On est loin du portrait habituel de ces deux grands romantiques anglais, souffreteux et géniaux. Haifaa Al Mansour en fait, chacun dans leur genre, d'affreux machos dans les mains desquelles Mary va devoir lutter et ruser pour exister et finalement produire une œuvre bien plus marquante que celles de ces deux hommes considérés à leur époque comme des écrivains majeurs.
Pour réussir le personnage de Mary, la réalisatrice a un atout majeur : Elle Fanning.
La petite actrice américaine réussit une performance de premier ordre en incarnant ce petit bout de femme blonde. On la croirait presque sortie d'un film d'Eric Rohmer et faite pour jouer une jeune fille pauvre en quête d'un beau mariage comme il y en a temps dans les romans de Jane Austen. Mais elle est d'une toute autre nature et sa composition fort nuancée donne son relief féministe au film.
Si l'on ne sait rien de ce trio de "monstres sacrés maudits", "Mary Shelley" d’Halifax Al-Mansour sera une bonne initiation. Ce biopic féministe évite tous les pièges de l'académisme et se suit sans déplaisir.
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