Monologue dramatique d'après l'oeuvre de Victor Hugo écrit et interprété par Christophe Delessart dans une mise en scène de Elsa Saladin. Peu, sans doute, ont lu in extenso les deux milliers de pages des dix volumes du monument de la littérature mondiale que constitue "Les Misérables" de Victor Hugo, et cependant connus sont personnages archétypaux, dont Jean Valjean son principal protagoniste, que celui-ci déploie dans un roman porteur d'aspirations sociales annoncées dans une percutante préface manifeste de l'humanisme démocratique post-révolutionnaire.
Le comédien Christophe Delessart, qui vénère la prose hugolienne et admire la figure douloureuse de Jean Valjean, son principal protagoniste, propose un seul-en-scène en forme de récit de vie, la vie douloureuse à la résilience tardive d'un homme poursuivi par son passé et la vindicte d'un policier.
Il a donc procédé avec "Valjean" à une libre adaptation de l'oeuvre originale pour relater de manière rétrospective - et introspective - "la passion selon Valjean" sauvé de la haine pour l'espèce humaine par l'amour paternel pour une petite fille.
Et tout le spectacle, les lumières de Johanna Dilolo, la bande-son de Tristan Delessart et la mise en scène classique de Elsa Saladin, est conçu en cohérence avec l'écriture de Hugo qui brasse naturalisme et lyrisme, réalisme et idéalisme, pathétique et salut chrétien, flamboyance mélodramatique et romantisme épique.
Au jeu, Christophe Delessart réussit une remarquable incarnation du bagnard rédimé érigé en héraut pour porter et exalter la défense de la veuve et de l'orphelin, la rédemption de l'homme déchu, les valeurs humanistes et la lutte contre la misère que Victor Hugo dénonce comme "une damnation sociale" qui s'ajoute à la fatalité divine.
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