Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Marie Cardinal, adaptation de Jade Lanza, mise en scène de Frédéric Souterelle, avec Françoise Armelle et Jade Lanza.
Dans les années 1970, "Les Mots pour le dire" connût un énorme succès et Marie Cardinal devînt une figure célèbre du féminisme de l'après-68, au même titre que Gisèle Halimi et Benoîte Groult.
Le projet de Jade Lanza de lui redonner vie sur scène intrigue parce qu'il propose au public de 2018 un texte datant de plus de quarante ans, et qui, on s'en rend vite compte en l'écoutant l'interpréter, a inspiré bien des plumes féminines et un certain nombre de seules-en-scène.
Il ne faut pas beaucoup de temps non plus pour que la preuve soit faite : ce texte, non seulement tient encore la route, mais il n'a pas perdu de son actualité. Au contraire, la belle écriture de Marie Cardinal particulièrement bien restituée par l'adaptation de Jade Lanza, est tout à fait contemporaine.
Est-ce à dire que les progrès accomplis pour l'égalité hommes/femmes ne sont pas si marquants que ça ou que Marie Cardinal était en avance sur son temps ? Ce sera, on l'imagine, un des sujets des débats suscités par ce spectacle stimulant.
La seule chose qui paraît avoir un peu vieilli dans "Les Mots pour le dire" est la description de la séance psychanalytique. Il faut se souvenir qu'on est avant Mai 68 et Woody Allen et qu'aller chez le psy n'est pas encore très répandu. On peut même dire que c'est le succès de romans comme celui de Marie Cardinal qui va être à l'origine du développement de la cure au-delà d'une élite bourgeoise "éclairée".
Pour ne pas que la séance paraisse un peu primaire pour des spectateurs de 2018, Jade Lanza a eu la bonne idée de transformer le psy en voix-off. C'est la belle voix de velours de Daniel Mesguisch qui s'y collera. Cela tombe bien puisque c'était déjà lui qui jouait le rôle dans le film de José Pinhero tiré du roman en 1983.
Par ailleurs, d'autres voix épisodiques interviendront, donnant ainsi à voir un face-à-face entre une fille et une mère. C'est Françoise Armelle qui joue Solange, la mère. Elle se délecte d'être cette mère pas vraiment tendre ni démonstrative question amour maternel. C'est aussi ça une des grandes nouveautés de Marie Cardinal : la possibilité pour une mère et une fille de n'être pas synchro question sentiments... et cela marche parfaitement ici !
Toujours en rythme dans la mise en scène qui fonce de Frédéric Souterelle, Jade Lanza éclate dans le rôle de Marie. Elle est le porte-parole des femmes d'hier et d'aujourd'hui, montre leurs différences et leurs correspondances.
Plaisant et intelligent, "Les mots pour le dire" est un spectacle indiscutable. |