Loin des groupes parisiens en goguette (Naast, The Parisians, Second Sex) et si près de Paris, Jack the Ripper vient de la Capitale, comme on dit en province.
Et l'on est en droit de se demander à ce stade de l'article comment un groupe aussi évident a réussi à publier quatre albums dans l'indifférence générale. La France, ses chanteurs "popstarisés", gominés jusqu'à l'os, ses play-back, sa nouvelle scène française et ses poètes rive gauche. Un bien beau pays en somme pour y chanter en anglais sa rage de ne pas être né de l'autre coté de l'atlantique…
Ladies first, donc, quatrième opus de Jack the Ripper, ne séduira pas les masses. Ne se vendra pas à des millions d'exemplaires, ne remplira pas les stades, ne passera pas en boucle sur MTV. En deux mots, trop beau. Trop beau pour être vrai, trop beau pour être français. Si les parisiens entretiennent le mystère et cultivent le secret, la musique, elle, parle d'elle-même.
A la croisée des chemins entre la culture indé américana (Calexico, les trop méconnus The devastations, …) et la beauté funeste de Nick Cave, Ladies first touche par sa mélancolie en arpège ("From my veins to the sea") et ses tempos comme un cœur battant. A fleur de peau, touchant l'émotion du bout des cordes, Jack the Ripper nous ramène justement aux bons souvenirs de "Murder Ballads" de Nick Cave, ses ambiances, son spleen et ses malaises. Constamment à cheval entre le festif et le dépressif, Jack the Ripper tente le grand écart, s'évade en contrée tzigane ("Words"), met la trompette en sourdine et touche le ciel du bout du doigt sur "White men in black" (rappelant sans conteste les voix angéliques du groupe belge Vénus/span>) . Le tout, mesdames messieurs, dans un anglais irréprochable.
Si la France entame la rentrée scolaire au son des mélodies aux ficelles faciles (Vous pensez à Cali pas vrai ?), Jack the Ripper s'éloigne du rock pour produire un album aux mille facettes. Un album hétéroclite, aux influences diverses, de Sparklehorses à Tindersticks, quitte à tenter un final époustouflant sur "Vargtimmen", et son piano emprunté à Radiohead période "Hail to the thief". Un album juste bien en somme.
Ladies first. Les femmes et les enfants d'abord seraient-on tenté de dire…Les hommes de bon goût suivront sans doute. |