Il a le cœur qui cavale et la dégaine d’un adolescent parfaitement conscient du pouvoir de séduction qui l’habite. Autodidacte, Dani Terreur irradie d’une nonchalance non feinte entre pop et électro sur Les portes du Paradis, son premier album.
"J’vois plus le monde, j’sens plus la terre, si j’m’écoute ce soir j’vais partir à l’envers" ("Les anonymes"), un rythme caribéen s’agrémente d’une basse nostalgique, comme un frisson sur une plage échauffée. Un minimoog et une guitare sont les éléments de base de ses compositions.
Créations plus personnelles que tout ce qu’il a pu faire dans ses anciens groupes, Dani Terreur plonge dans l’onirisme nécessaire à l’évasion. Les Portes du Paradis est un état second, un univers parallèle aux ingratitudes quotidiennes, où le beau côtoie le savoureux et le mérite n’est pas qu’un concept. Un paradis quoi…
"J’ai l’impression soleil levant collé sur la rétine, l’étoile s’écoule juste devant, dans le creux de la ville, j’ai l’odeur de la dernière danse, scotchée dans les narines" ("Etoile du Kashmir"). Spleen fragile et bulles sensibles, les airs sont limite aphrodisiaques, ils envoûtent littéralement les sens. Au même titre que certains souvenirs ont parfois le réalisme du présent, l’album se situe entre passé et présent, intemporel et futuriste, délicat et parfumé comme un salon de thé oriental.
Un duo avec Alice et Moi : "J’ai l’odeur de ta peau qui fait déborder mon cœur un peu trop" ("Bébé c’est l’enfer"), des accents asiatiques pour "un très beau souvenir, les larmes qui roulent sur les plis de ta bouche entrouverte, c’était une promesse d’avenir de venir t’embrasser" ("Un beau souvenir"), des tonalités boule à facette sur "L’aventure", faisant saccader les mandibules cervicales.
Musicien solaire et chanteur flamboyant, Dani Terreur est un souffle démoniaque flirtant méchamment avec les érotismes crépusculaires. Ça détache du marasme et ça détourne des auto-flagellations, Les Portes du Paradis a le psychédélisme des saints et l’électro des mécréants. Sucré-salé.