Song You Make at night
(Fulltime Hobby Records) août 2018
Bouleverser les synecdoques folkloriques attendues et les associer à de l’électronique, voilà les recettes qui ont permis à Tunng de se faire une place sur la scène musicale britannique depuis 2005.
Leurs premiers disques, Mother's Daughter and Other Songs (2005), Comments of the Inner Chorus (2006), Good Arrows (2007) sont largement vus comme des pierres angulaires du mouvement folktronica.
Des succès avec lesquels le groupe souhaitait renouer avec, pour la première fois depuis cette époque, le line-up original avec le retour de Sam Genders (parti fonder Diagrams). A une différence près. S’il y a toujours ces mélodies, ce fourmillement (rythmique, mélodique, dans la construction des morceaux) qui ressemble parfois à un joli foutoir, la touche électronique (à base de moog et de boîtes à rythmes vintages) est nettement plus importante. On aimera ou pas. On restera peut-être dubitatif face à des titres comme "Dream In", gâché par des chœurs vaguement orientalisants et plus proches d’une sorte de musique lounge, "Dark Heart", "Nobody Here" qui prend des directions presque incompréhensibles.
On appréciera plus facilement des titres dans un style auquel le groupe nous avait habitué : "Crow", "Battlefront", le beau "Evaporate", "Dream Out" qui nous plongent en fin de disque dans un climat plus serein, délicat ou introspectif. Et comme la thématique semble tourner beaucoup autour des rêves, du mystère, du somnambulisme et du monde de la nuit, comme une contemplation nocturne... Mais c’est surtout quand le groupe arrive à rassembler les deux lignes esthétiques (le magistral "Flat Land", "Sleepwalking", "Like Water", "ABOP", "Nobody Here") qu’il prouve à quel point il est bon.