16 levers du soleil - Bande Originale
(PIAS) octobre 2018
Le génialissime saxophoniste Guillaume Perret est de retour avec un nouvel album intitulé 16 levers du Soleil. Il s’agit en réalité de la bande originale d’un documentaire réalisé par Pierre-Emmanuel Le Goff, en salle depuis le 3 octobre dernier, consacré à l’épopée spatiale de Thomas Pesquet.
L’arrivée de Guillaume Perret en 2012 avait été un véritable coup de tonnerre dans le monde du jazz: Agé à l’époque d’une trentaine d’années, un petit frenchie, accompagné du groupe Electric Epic, arrivait à sortir son premier album sur le label Tzadik du saxophoniste et clarinettiste culte avant gardiste new yorkais John Zorn.
Guillaume Perret a sorti depuis deux albums (Open me en 2014 et en solo Free en 2016) et est dorénavant bien installé dans un jazz très contemporain, fait de mélanges de divers sons électriques. Il est ainsi équipé d’un saxophone électrique configuré de manière originale avec des micros, capteurs et lumières faisant de lui un homme-orchestre.
Il aime voyager à travers différents styles (hip-hop, électro, funk voire métal). Il apparaissait donc intéressant que sa musique vienne accompagner ce beau voyage que Thomas Pesquet a partagé avec nous pendant plusieurs mois.
A cet égard, la double ouverture de cet album est une parfaite illustration de ce qui fait le talent de Guillaume Perret ("A certain trip 1 et 2") avec ses sonorités électriques, légèrement africaines parfois, une puissance rock et quelques rythmes hip-hop funky en deuxième partie.
La suite de l’album est encore plus en adéquation avec le documentaire entre ce saxophone électrique et les sons de la station spatiale, les échanges radio avec la Terre et les fréquences émises par les planètes. Cela donne vraiment à la musique une dimension émotionnelle et sensorielle forte ("Outside Thomas" ou "Song of the earth").
Deux réserves néanmoins dans ce vrai parcours émotionnel, le titre rappé par Lino du groupe Arsenik au milieu de l’album qui s’insère assez mal et crée une rupture ("Dans la paume de Gulliver"). De même, la reprise nerveuse de "Star spangled banner" présente peu d’intérêt surtout en comparaison avec celle déjà électrifiée d’Hendrix au festival de Woodstock ("Amerika"). Ces deux réserves restent toutefois mineures face à la réussite de l’ensemble.
Thomas Pesquet joue même sur un titre de l’album ("Into the infinate"), étant précisé que celui-ci a été enregistré pendant son aventure spatiale pour constituer initialement la pièce centrale de la bande originale. Guillaume Perret lui a ainsi écrit un titre assez simple, ne connaissant pas son niveau et lui a envoyé un saxophone accompagné de tutoriels. Il faut vraiment écouter ce titre avec sous les yeux la pochette du disque représentant une photo de Thomas Pesquet jouant du saxophone tout en flottant en apesanteur. On flotte ainsi avec lui.
Ce disque peut bien évidemment s’écouter indépendamment du documentaire car c’est tout autant une œuvre de Guillaume Perret qu’une bande originale. Il pourrait même prendre une ampleur exceptionnelle sur une configuration ciné-concert.
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