Evolution naturelle, prise de risques, hommage, réussite…
Voilà autant d'expressions que l'on pourrait utiliser pour décrire Pretty in black ce nouvel album des Raveonettes.
Le deuxième pour certains, le troisième pour ceux qui comme moi considère le EP Whip it on comme leur premier album qui, ceci dit en passant, est absolument indispensable.
Evolution d'abord car ce duo danois a su en l'espace de 2 disques modifier sa formule et s'est désormais transformé en un vrai quintet, avec guests en plus mais nous en reparlerons !
Prise de risques parce que passer de la formule duo à un vrai groupe rock n'est sans doute pas chose facile, la solution de facilité aurait sans doute été le statu quo et se greffer sur la mode des White S. et autres Kills tout en continuant de cracher les décibels saturés à la façon des frangins Reid.
Prises de risque aussi car le groupe change de registre. Même si précédemment, se cachait derrière le mur du son un fort penchant pour les années 60, voire 50 et leurs fameux films de série B (la pochette de Whip it on est exemplaire sur ce point), les Raveonettes ont pris avec ce Pretty in Black un vrai tournant en mettant à la porte les saturations pour nous proposer de superbes mélodies sixties comme on n'en fait plus même aux Amériques et qui ressemblent à des standard oubliés que même Sheila n'ose plus reprendre depuis longtemps.
Hommage bien évidemment puisque cet album est donc résolument tourné vers les années 60. Bien plus qu'un hommage d'ailleurs puisque non contents de composer et interpréter leur chansons dans la plus pur veine spectorienne, les Raveonettes s'offrent le luxe et le bonheur de collaborer avec les plus grands de l'époque. Et quand je dis les plus grands, je devrais dire les plus grandes puisque ce sont Moe Tucker (mythique batteur des Velvet Underground) et Ronnie Spector (épouse de Phil et chanteuse des Ronettes) qui posent percussions ("Red tan") et chants ("Ode to L.A") sur cet album.
Mais plus proche de notre époque c'est Martin Rev de Suicide, autre idole des Raveonettes qui vient également prêter main forte à quelques morceaux de Pretty in black notamment "Here comes Mary" dont l'effet Jesus and Mary Chain (habituel sur les précédents albums du groupe) arrive en parfait contrepoint au reste de l'album.
Hommage enfin aux séries B désuètes et qui font parties de l'univers visuels des Raveonettes (les pochettes de leurs disques rappellent toutes des affichent de films et le logo du groupes a l'aspect des titres de films d'épouvantes de l'époque) sur le "Twilight" dont le titre est à lui seul déjà suffisamment évocateur de l'ambiance sonore du morceau.
Si on rajoute à tout cela des titres entre deux eaux (mi noisy et mi sixties) comme "Somewhere in Texas", "Love in a trashcan", "Sleepwalking" (lui aussi très JAMC) ou encore la très tendre et romantique ballade finale "If I was young" on obtient un des albums les plus réussis et inattendus de cette rentrée à ranger tout près de celui de Richard Hawley qui lui aussi passe les sixties à la moulinette pop moderne.
Et tant pis pour ceux qui ne verraient là qu'effet de mode vintage. |