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Théâtre Les Déchargeurs  (Paris)  novembre 2018

Monologue dramatique d'après un roman éponyme de Annie Ernaux interprété par Marianne Basler dans une mise en scène de Jean-Philippe Puymartin et Marianne Basler.

Monologue dramatique d'après un roman éponyme de Annie Ernaux interprété par Marianne Basler dans une mise en scène de Jean-Philippe Puymartin et Marianne Basler.

Quand il atteint son but, le théâtre est avant tout la rencontre d'un texte et d'un acteur. Jamais dans "L'Autre fille", Annie Ernaux n'aura été aussi loin dans l'intime, jamais Marianne Basler n'aura été aussi loin dans le don d'elle-même.Constamment frémissante à en trembler, elle porte les mots de l'auteur de "La Place", elle en fait les siens et les renvoie à un spectateur noué d'émotion.

Sans doute faut-il prévenir ceux qui ignorent qu'Annie Ernaux traite de la question de la mort d'un enfant, plus précisément de l'enfant à qui elle a succédé. Avant sa naissance, ses parents avaient une première fille, Ginette. Morte de la diphtérie en 1938, à six ans, elle sera ainsi "remplacée" par Annie née en 1940.

Ce qui a poussé, l'écrivain à franchir une fois de plus la ligne rouge de l'intimité familiale, c'est qu'elle n'a su l'existence-mort de sa sœur que par le hasard d'une discussion qui ne lui était pas destinée. Pire encore, elle comprend l'immense non-dit, quand sa mère prononce des mots qui la glace : "Celle-là, elle est moins gentille que l'autre".

Désormais, Annie vivra avec la connaissance de ce secret, sans jamais oser essayer de faire parler, même plus tard, ceux qui ont connu la petite Ginette. C'est toute cette matière qu'elle brasse dans "L'autre fille" qui prend la forme d'une lettre adressée à la petite morte avec qui elle fait corps.

Si elle vit, n'est-ce pas parce que "l'autre" est morte. Si elle doit vivre envers et contre tout, n'est-ce pas pour que "l'autre" ne soit pas morte pour rien. Annie Ernaux ira jusqu'à penser qu'elle lui est redevable de son statut d'écrivain, elle qui n'était promise qu'à une existence parmi les "gens de peu".

Assise la plupart du temps derrière une petite table où elle écrit sa lettre, habillée de noir, chaussant ses lunettes, Marianne Basler arrache des lambeaux de vérité au prix d'une vraie souffrance.

Avec son co-metteur en scène Jean-Philippe Puymartin, elle n'a pas voulu n'être qu'une récitante. Elle multiplie donc les gestes simples, parfois attendus : elle écrit, froisse une feuille et la fait tomber dans un amas de feuilles déjà froissées, fait valdinguer tout ce qui est posée sur la petite table...". Derrière elle, loin dans l'espace, il n'y a qu'une porte dont le marron tranche avec la pénombre de la scène. Une porte d'où sort quelquefois un rai de lumière. Dans ce récit "réaliste", Jean-Philippe Puymartin et Marianne Basler n'ont pas oublié la dimension "fantastique sociale" qui traverse l'oeuvre d'Annie Ernaux. Quel secret y-a-t-il derrière cette porte que la narratrice franchira obligatoirement ?

Pour réussir tous leurs effets dans leur extrême simplicité, créer le climat nécessaire à l'éruption ce qui avait été tu, ils bénéficient du travail vraiment exceptionnel sur la lumière de Franck Thévenon qui accompagne en permanence l'écrivaine dans le tâtonnement de sa recherche.

Ce spectacle douloureux n'est sans doute pas à conseiller à ceux qui ont vécu récemment le trauma des parents d'Annie, mais peut-être apaisera-t-il ceux qui eux aussi furent des "enfants d'après". Pour les autres, qui n'oublieront jamais l'interprétation de Marianne Basler, cela leur rappellera des destins de proches ou d'aînés et leur donnera un surplus d'indulgence pour tant de destins marqués par un tel malheur.

 

Philippe Person         
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