Le couple danois de The Raveonettes, qui célèbre le son américain des années 50, arrive au Fort de Saint Père un demie heure avant le début du concert. Autant dire que la conférence de presse a pris des allures de marathon.
Néanmoins Sharin Foo et Sune Rose Wagner restent décontractés et se prêtent même au jeu des photos. Votre dernier album est différent des autres allant vers une pop très happy et directe comme ce que l'on trouve sur le label Sun. Cela est-il intentionnel ?
Sune Rose Wagner : Après deux albums plutôt noisy nous avions envie d'expérimenter autre chose. Le changement se ressent surtout sur scène, en live, quand nous alternons des morceaux rentre dedans avec des morceaux plus orchestrés qui laisse place aux mélodies.
Sur l'album, on remarque les collaborations de Moe Tucker du Velvet Underground Martin Rev de Suicide et Ronnie Spector, la femme de Phil Spector des Ronnettes Comment les avez-vous rencontrés?
Sharin Foo : Nous les avons contactés bien sûr mais ce fût également le fruit de rencontres
Comment avez-vous travaillés ensemble?
Sharin Foo : Pour Ronnie Spector nous savions ce que nous voulions lui faire chanter mais pour Martin Rev et Mo Tucker nous leur avons laissé carte blanche tout en restant dans l'esprit du groupe. Et cela a donné des choses brutes et spontanées qui sont dans la lignée de nos premiers albums
Comment se passe les concerts en l'absence de ceux qui ont participé à l'album
Sune Rose Wagner : Nous jouons avec des bandes et un gros son. Bien sûr, ce serait génial de les avoir sur scène et de jouer en live avec eux. Mo Tucker ne veut pas prendre l'avion et a des obligations familiales, Ronnie Spector est assez casanière et ne veut pas partir longtemps, jouer avec Mo Tucker ne serait pas simple car elle est très tatillonne.
Vous êtes très sensible au kitsch des années 50?
Sune Rose Wagner : Oui. Nous aimons aussi beaucoup le glamour de l'Hollywood des années 30, les films noirs de série B, la science-fiction, les chansons de Billie Hollyday et Bettie Valence. J'écris des chansons qui sont très visuelles, je suis inspiré par des images et les chansons sont comme des petits films. Notre musique est très cinétique. Nous avons voyagé pendant dix ans aux Etats Unis et c'est également une de nos sources d'inspiration.
Cela veut-il dire que vous reprenez les bonnes vieilles méthodes des années 50 pour essayer d'en restituer l'atmosphère comme par exemple utiliser du matériel d'enregistrement vintage ?
Sharin Foo : Non, l'album sonne certes un peu vintage mais nous utilisons les outils technologiques d'aujourd'hui même si nous sommes fascinés par toute l'esthétique des années 50. L 'album comporte des ambiances relativement variée et cela résulte d'une progression naturelle pour nous mais pas d'une recherche effrénée. Cela étant nous ne voulons pas faire du revival mais investir ce registre musical pour en faire quelque chose de nouveau.
Pourquoi êtes-vous passé du rock garage avec quelques accords vers une musique plus sophistiquée?
Sune Rose Wagner : C'était quelque chose que nous voulions faire. D'autant que nous avons longtemps tourné avec les albums précédents. Cela constitue une étape nécessaire pour nous sans qu'il y ait un plan de route préétabli. Et peut être reviendrons-nous vers un format plus noise avec un autre album.
Sharin Foo : Il y a aussi un désir d'expérimentation pour éviter de se répéter et de se trouver cataloguer dans un registre.
Lors d'une interview en Allemagne, vous auriez déclaré écouter beaucoup de musique hawaïenne et qu'il y en aurait dans votre prochain album. Est-ce exact ?
Sune Rose Wagner : C'est exact que j'aime beaucoup la musique traditionnelle hawaïenne, spécialement celle des années 20 et 30. Comme j'aime toutes le musiques traditionnelles quel que soit le registre qui intègrent des sentiments nostalgiques. Sur l'album, il y a un morceau joué avec une pedale steel qui se rapproche de la musique hawaïenne.
Sharin Foo : Sune joue beaucoup du yukulélé dans le bus pendant les tournées et c'est très joli, très agréable à écouter.
Il semblerait que vous considériez l'écriture de vos chansons comme une sorte de dogme et qu'elle devait se soumettre à certaines contraintes de temps, d'accord etc. Est-ce vrai et si oui est-ce toujours d'actualité?
Sharin Foo : C'est exact. Nous nous sommes imposés une sorte de dogme en nous imposant une gamme d'accords, un nombre d'accords, pour faire des chansons courtes. Nous pensons que parfois il est intéressant de travailler en respectant certaines contraintes qui peuvent développer la créativité. Il faut avoir des lignes directive pour pouvoir créer . Cela étant, nous nous sommes un peu lassés de ces règles et les chansons du nouvel album ne s'accommodaient pas forcément de ces règles.
Vous parliez du caractère cinétique de vos compositions. Avez-vous été contacté pour faire des musiques de films et cela vous intérêsserait-il ?
Sune Rose Wagner : Il est évident que c'est quelque chose que nous aimerions faire. En ce qui me concerne personnellement je suis particulièrement par la composition de BO. Travailler avec David Lynch ou JohnWaters serait merveilleux. Mais nous n'avons pas de projets concrets en ce domaine mais nous sommes encore un jeune groupe donc tout est possible.
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