"I do not agree with a statement that I hear quite often that if a composer discovered his own musical language he should adhere to this language and write in his own style. Such an approach to this matter is completely foreign to me, it is identical with the resignation from progress, from development. Each work completed today becomes the past yesterday. A progressive composer would not agree to repeat even himself. He has to not only deepen and perfect his achievements, but also broaden them. It seems to me, that for instance in my music, though I do not consider myself an innovator, one can notice a continuous line of development. […] My compositional workshop and the emergence of the work is for me something personal and intimate. Contemporary composers, and at least a considerable number of them, have a different stance. They explain what system they used, in what way they arrived at something. I do not do that. I think that the matter of the way by which one arrived at something is, for the listeners, unimportant. What matters is the final result, that is the work itself." Grazyna Bacewicz
Molto espressivo, voilà qui caractérise bien la musique de Grazyna Bacewicz, compositrice Polonaise de la première moitié du XXème siècle (1909-1969). Comme Frédéric Chopin, Grazyna Bacewicz est issue d’une famille avec une double nationalité avec un père lituanien et une mère polonaise. Une famille de musiciens. Elle a choisi de devenir polonaise, mais son frère Witold est retourné à Vilnius avec son père et a émigré aux États-Unis en tant que compositeur. Elle fait ses études de violon, piano et composition au conservatoire de Varsovie. Karol Szymanowski, professeur au Conservatoire lui conseille comme à d’autres étudiants en composition d'aller à Paris étudier avec Nadia Boulanger. Elle travaillera donc la composition avec Boulanger et le violon avec André Touret et Carl Flesch.
À cette époque, elle adopte un style néoclassique pour son langage de composition et devient la première compositrice polonaise à atteindre une stature nationale et internationale. Dans les années 1930, elle est la violoniste principale de l'orchestre de la radio polonaise sous la direction du chef d'orchestre Grzegorz Fitelberg. C’est avec cet orchestre qu’elle jouera sa propre musique, notamment le Concerto pour violon n° 1 et Three Songs pour ténor et orchestre. Pendant la guerre, elle a vécu à Varsovie, continuant à composer et à donner des concerts clandestins. Après la guerre, elle devient professeur au Conservatoire national de musique de Lodz. Au cours de la période stalinienne de 1945 à 1955, Bacewicz est soumise à un contrôle idéologique et esthétique du nouveau gouvernement socialiste. Mais cela ne l’empêchera pas de s’épanouir dans la composition pour ne plus devenir à partir des années 50 que son seul travail.
Quel que soit le genre : symphonique, concertos, ballets, opéra, musique de chambre (qui au cœur de son catalogue), son langage (du néoclassicisme à des choses plus abstraites, plus fragmentaires sans jamais vers l’atonalité pure) possède une réelle intensité, quelque chose qui ne vous lâche plus, une force dans l’écriture. Qui dépasse même cette écriture. C’est souvent une tempête. On la retrouve aussi bien dans le quintet n°1 pour piano et quatuor à cordes que dans le second où se dégagent des forces contraires. Elle est aussi présente dans le quatuor pour quatre violons aux nombreuses textures différentes comme dans l’audacieux quatuor pour quatre violoncelles. Une grande dame de la musique Polonaise auquel ce disque rend un bien bel hommage. |