Monologue dramatique écrit et mis en scène par Mario Batista et interprété par Valentine Galey. Une femme, un homme, mais aux antipodes du "chabadabada" lelouchien. Un amour invasif, délétère et destructeur qui n'aurait pas dû être et cependant a été, et existe peut-être encore, vécu de manière lucide, qui a conduit à l'abandon de soi jusqu'à la dissolution par l'esprit disjoint du corps et de la volonté.
Ou "Comment être à l’autre, se perdre à soi, se quitter à soi-même, abandonner sa vie, ma vie, la donner, la perdre, l’oublier en un autre". Et puis, un jour, comme l'ultime sursaut de la pulsion de vie, la proie se libère, la parole muselée se déverse comme le flot ininterrompu d'une régurgitation douloureuse.
"Ce qu'on attend, ce qu'on avait déjà", tel un précédent opus sur le thème de l'oppression, "Langue fourche", Mario Batista signe un monologue à l'écriture-scalpel et au verbe organique sous influence beckettienne qui se présente comme un réquisitoire sans appel explorant l'amour comme don absolu qui conduit à la désintégration mentale et qu'il met en scène en adresse au public dans une grande économie de moyens. Sur un plateau nu avec les seules lumières sans maniérisme de Samuel Favart-Mikcha, hors de tout réalisme humoral, Valentine Galey délivre, de manière frontale, une performance éblouissante et poignante dans l'incarnation de cette femme sous influence devenue une femme en colère qui brise les chaînes de l'aliénation. Et donc, tout est dit. |