Spectacle conçu et mis en scène par Silvia Costa d'après l'oeuvre de Cesare Pavese, avec Silvia Costa, Laura Dondoli et My Prim. Sous le titre "Dans le pays d'hiver, Silvia Costa, également au jeu, signe l'adaptation, la scénographie et la mise en scène d'une création originale qui ressort au registre des spectacles qualifiés d'exigeants pour signifier leur atypisme et leur surréalisme théâtral.
D'autant que cette jeune plasticienne, danseuse et performeuse italienne intervient également comme collaboratrice artistique de Roméo Castelluci, ce qui en suggère les affinités électives.
En effet, sa proposition, qui ne saurait s'apprécier en fonction des codes dramaturgiques conventionnels, résulte d'une libre adaptation d'une oeuvre du romancier et poète italien Cesare Pavese, "Les Dialogues avec Leuco", dans laquelle il livre une réflexion autofictionnelle sur les mythes, notamment antiques, bibliques, avec le déluge, et romains avec la légende de Romus et Romulus, qui nourrissent l'Humanité et les angoisses métaphysiques et existentielles qui agitent l'Homme.
Dans sa note d'intention, Silvia Costa, diplômée en "Arts visuels et Théâtre", lève le voile sur le processus créatif en indiquant avoir "tissé une trame, un unique dialogue qui traverse les visions" surgies de sa lecture de l'oeuvre comme autant d'"images symboliques, images-récits de sa poétologie".
Placé sous le signe du symbolisme, de l'installation plasticienne pour la forme, et de la distanciation et de la désincarnation pour le jeu soutenues par le traitement de la voix, cet opus dialogique, qui aborde les thèmes universels et intemporels, entre autres, de la mort, du destin et de la mémoire, le spectacle se déroule dans un décor de temple antique stylisé qui évoque certaines toiles du peintre Giorgio De Chirico. >
Il se déploie sous forme de tableaux, dont l'iconographie au maniérisme éthéré rappelle celle du peintre nabi Maurice Denis, dans lesquels se meuvent des femmes polysémiques, déesses, vestales et mortelles, qui se meuvent, sous les superbes lumières de Marco Giusti et dans une création sonore glaçante de Nicola Ratti, avec lenteur de manière tout aussi irréelle que ritualisée.
Cette partition pour laquelle officient en parfaite symbiose Silvia Costa, Laura Dondoli, actrice et performeuse également créatrice du costume générique, et la danseuse My Prim se révèle objet plastique plus que théâtral et performance davantage qu'interprétation qui tend à l'épure parfois déconcertante par son hermétisme apparent.
Elle est également invitation au rêve surréaliste, et à la réflexion existentialiste sur la mort, ce qui affecte l'homme en quête de sens mais le rend supérieur aux dieux qui ne la connaîtront jamais, et sur l'autodétermination par la réfutation du destin en le soustrayant à leur pouvoir. |