Seul en scène sur des textes de Sophie Brugeille interprété par Sabrina Nanni dans une mise en scène de Claire Traxelle. Avec le panache de mousquetaires, et sous l'impulsion de la première, un quatuor féminin propose un spectacle inédit en forme de seul en scène survitaminé et militant pour le dépistage des cancers gynécologiques*.
Sans verser dans le théâtre pseudo-documentaire ou la bien-pensance de patronage, "Ex Utero" résulte du télecospage - aussi singulier que réussi - du biodrame de l'interprète et du one woman show à sketches sur le thème de la maternité avec une galerie de mères contemporaines sinon indignes du moins totalement égotiques.
Et il célèbre résolument la vie en usant de la satire et de l'humour, souvent noir, permettant une judicieuse distanciation qui, toutefois, ne dispense pas de l'émotion tout en dégoupillant un éventuel pathos sous la plume déliée et aiguisée de la journaliste Sophie Brugeille qui brosse des portraits décapants au réalisme à peine caricatural.
Entre autres, de la working girl hype en Louboutin, qui n'est pas sûre du prénom de sa fille, à la mère juive pied-noir jouant la mater dolorosa en passant par la coiffeuse-cagole brute de décoffrage, ces portraits qui, outre de s'enchaîner à la manière de la ronde schnitzlérienne, de surcroît, épinglent des travers sociétaux de tous bords, du cynisme bourgeois face à l'émigration avec la mère qui emmène sa fille dans un camp de migrants comme au zoo à la conscience de classe péri-urbaine.
Pour la mise en scène, Claire Traxelle négocie bien la dualité alternative entre l'intime de l'autobiographie et le comique de caractère et souligne la débordante, empathique et roborative vitalité de l'officiante.
Dans un décor simple mais efficace de Marie Tricoire, deux paravents médicaux à roulettes qui suffisent à dresser un cabinet médical ou un salon de coiffure, et avec quelques accessoires vestimentaires, Sabrina Nanni s'empare avec brio des figures archétypales et de leurs différents accents et tics langagiers. Avec autant d'autodérision que d'énergie positive et dotée du sens de la scène, elle prend donc "à bras-le-corps" son destin comme ce roboratif seul en scène. |