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Sol Elias  (Editions Rivages)  janvier 2019

Les rentrées littéraires de début d’année sont toujours l’occasion pour les différents éditeurs de nous faire découvrir des nouveaux auteurs. Un sujet original, une écriture lumineuse et particulière, c’est souvent ce qui incite les éditeurs à publier ces nouveaux auteurs.

Aux éditions Rivages, c’est donc Sol Elias qui voit son livre Tête de tambour être publié en ce début d’année. Choix judicieux tant ce premier roman s’avère être une très belle surprise sur un sujet peu traité dans la littérature, porté par une magnifique écriture.

Ce premier roman, inspiré de faits réels, plonge le lecteur dans une histoire de vengeance, celle d’un fils atteint de schizophrénie, prêt à tout pour détruire sa famille. Ce fils, diagnostiqué schizophrène par un docteur un 14 juillet alors qu’il a 28 ans, c’est Manuel. Ce jour-là, pour lui, les mots portés sur lui par ce médecin sont un tournant.

Il le dit dans le livre, "la schizophrénie avait gagné la partie sur la vie. Elle avait tout raflé : le rêve, la création, l’amour, l’amitié. Quant à l’humanité, on ne l’évoquait même plus, c’était pour les autres. On n’avait rien trouvé pour l’aider à s’aimer, à se faire aimer, pour construire la vie. Le schizophrène n’a pas de projet d’avenir. Il ne peut pas. Pas d’avenir. Il n’a que le présent dégueulasse qui lui colle aux basques".

Des questions se posent pour manuel. Que fait-on lorsqu’on a hérité d’une tête pourrie au "sous gêne" de la psychose ? Faut-il mettre ses parents au tribunal ? Faut-il se maudire ou accepter la condamnation sociale et générale pour "péché de différence" ?

Manuel a fait son choix, il s’y refuse et promet d’avoir sa revanche. Son but sera de semer tant qu’il en aura la force la discorde pour transformer son foyer en âtre de guerre. De tête fêlée, il va se faire "tête de tambour" pour annoncer par son roulement le désastre qui le suit.

Le livre est magnifiquement construit autour de courts chapitres mettant en scène trois personnages, Manuel, Anaël et Soledad. Anaël est le double de Manuel construit pour lui comme un échappatoire. Il est l’écriture de Manuel et nous raconte sa vie de schizophrène, perdue dans les médicaments et les séjours en hôpital psychiatrique. Ces chapitres nous plonge au cœur de la schizophrénie d’une manière réaliste et bouleversante.

Les chapitres de Manuel nous montrent ses divagations, les moyens qu’il utilise pour tenter d’échapper à sa maladie, les virées qu’il fait avec des pseudos copains qui profitent souvent de sa naïveté pour se payer des prostituées et écumer les bars. Il nous montre aussi comment il tente de se venger de ses parents en profitant du peu d’argent qu’ils possèdent.

Et puis il y a Soledad, le troisième personnage important de l’histoire. C’est la nièce de Manuel. A sa mort, Manuel lui a laissé ses suppléments littéraires, ce qu’il appelle le "début d’histoire de l’idiot Anaël". Des tas de mots griffonnés sur tout et n’importe quoi. "Ma pauvre ! On te fait le coup de l’héritage qui recèle sous ces airs tendres tous les maux du monde" lui dit une amie.

Soledad a trente-cinq ans, une importante fonction diplomatique au Quai d’Orsay qui fait la fierté de ses parents et mène une vie parfaitement réglée auprès de son mari Guillaume, diplomate lui aussi. La jeune femme est enceinte au moment où elle reçoit les legs du tonton schizophrène. Ce colis va bouleverser sa vie. Et si son bébé était comme son oncle ? L’hérédité va-t-elle se transmettre à son enfant ? On voit alors sa vie changer au fil des découvertes des legs de l’oncle, comme si le passé l’a rattrapée, on suit sa grossesse et le délitement de son couple.

Tout s’entrecroise, la construction de l’ouvrage est brillante pour mieux nous faire plonger dans les affres de la psychose tout en explorant la complexité des relations filiales et du poids de l’hérédité.

On voit parfaitement la maladie s’installer au cœur du personnage, son sentiment de vengeance grandissant, le tout au milieu de moments de parfaite lucidité. On voit aussi ses parents désemparés de voir leur fils différent des autres, sans en connaître l’explication et ce, jusqu’au diagnostic du médecin. On voit ensuite leur sentiment d’impuissance devant l’évolution de la maladie de leur fils, le désespoir qui les envahit. Enfin, l’ouvrage nous montre aussi la psychose qui envahit Soledad au fil des pages et l’impuissance de son mari pour y remédier.

Avec ce premier roman salutaire et bouleversant, cette jeune auteur brillante s’empare d’un sujet complexe, la schizophrénie, pour redonner leur humanité à ceux que l’on en prive.

Tête de tambour est un superbe ouvrage, un premier roman coup de poing qui marque la naissance d’un nouvel écrivain.

 

En savoir plus :
Le Facebook de Sol Elias


Jean-Louis Zuccolini         
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