De l’audace, de l’humour, du trash et du burlesque, voilà ce que nous proposent les éditions Buchet-Chastel en cette rentrée de janvier avec la parution d’un premier roman haut en couleur. Et la couverture, assez fascinante je trouve n’a pas été choisie pour nous prouver le contraire.
Avec On dirait que je suis morte, Jen Beagin ne risque donc pas de passer inaperçue. Vivant dans l’Etat de New-York, elle a collaboré à plusieurs revues et publié des nouvelles avant de se lancer dans l’écriture d’un premier roman. Son ouvrage, traduit en français par Céline Leroy, a déjà reçu un accueil enthousiaste outre-Atlantique et a été finaliste de plusieurs prix. Ne reste plus à Jen Beagin de conquérir l’hexagone avec son ouvrage.
L’ouvrage raconte l’histoire d’une jeune femme désœuvrée, Mona, à la vie cabossée. Une jeune femme à l’âme pure et à l’intuition désastreuse lorsqu’il s’agit de se construire une vie meilleure. Mona vivote des ménages qu’elle effectue le jour chez de riches clients qu’elle n’hésite pas à dépouiller de leurs anxiolytiques. Le soir, elle passe son temps à distribuer des seringues, des capotes et de la Javel aux junkies de sa ville. Parmi eux se trouve un homme dont elle tombe amoureux, Mr Dégoutant, un artiste raté sans dents, de vingt ans son aîné.
Elle l’observe, scrute ses passages et ses absences, s’inquiète quand il ne vient plus, retrouve le sourire quand il revient, lui adresse quelques mots pour la première fois, accepte son numéro de téléphone et se décide enfin un jour à le contacter. La première partie de l’ouvrage est consacrée à cette rencontre entre deux êtres cabossés et différents qui vont s’apprivoiser, se mettre ensemble, se séparer. Des mensonges et des disparitions auront raison de cette relation qui finit tragiquement.
C’est cette fin tragique qui va alors pousser Mona vers une odyssée trash et burlesque vers le Nouveau-Mexique, territoire américain dont lui parlait souvent Mr Dégoutant. L’ouvrage prend alors une autre tournure au gré des nombreuses rencontres loufoques faites par Mona. Ce voyage va être pour elle l’occasion de faire fi de son passé éprouvant. Trois parties alors constituent le livre : Yoko et Yoko, Henry et Zoé puis Betty.
Mona se rappelle de son père au contact de Nigel qui, avec Miori, songent à devenir ses mentors, de véritables gourous. A chaque fois des situations cocasses, des dialogues imprévus et beaucoup d’humour. Au cours de ce périple et entourés de loufoques de tout genre, Mona va s’efforcer de trouver sa place dans le monde, en continuant à se droguer et à récurer des cuvettes.
On dirait que je suis morte est un livre rafraîchissant, sans prétention et follement drôle. On s’attache au fil des pages à ce petit bout de femme complètement barrée qui prend la vie comme elle est, s’ouvre et s’intéresse aux autres avant de penser à elle.
Chaque personnage croisé dans le livre est un concentré d’émotions, tous sont différents mais ont pour point commun leur soif de vivre et leur humour. Mona navigue entre eux, au gré de surprises et de découverte et l’on prend plaisir à l’accompagner.
Mona, Yoko (et Yoko !), Betty et tant d’autres, des personnages que je vous invite vivement à découvrir au travers de la lecture de ce livre enthousiasmant qui vient tout juste de paraître. |