"J’ai la langue fleurie et je m’exprime librement, du moins la plupart du temps, pourtant ça me gêne, je ne sais pas dire je t’aime, les mots se planquent, le courage me manque" ("Je ne sais pas")
Voilà, tout est dit, ou presque. Evelyne Gallet se présente sans fioriture, elle est La fille de l’air "Celle qu’on regarde de travers", une femme qui n’a pas la langue dans sa poche. J’ajouterai qu’elle a la classe de dire ce qu’elle pense sans vulgarité. Je l’imagine au quotidien pince-sans-rire, le regard acéré sur ce qui l’entoure. Une princesse tatouée.
Sa musique est une plume gaillarde, lestée de basses pour ancrer ses mélodies sur le plancher des ruminantes bestioles. Un peu comme si la baguette magique pouvait s’onduler au gré des flots. Vive et tendre, Evelyne Gallet fait de la chanson à textes inspirés de faits réels.
Cinquième album de l’artiste, La fille de l’air est un virevoltant moment de franc parler. A la limite du théâtral, les morceaux d’Evelyne Gallet sont chacun truffés de tournures rythmiques et de sens. Sans en faire des tonnes, elle nous touche avec une honnêteté sans roublardise.
Son univers est meublé de guitares et percussions, un peu de violon pour les larmes, la parole au palpitant sur les percussions plus lourdes, le trombone étire les ombres quand le clavier les illumine. Et sa voix, posée sur les mélodies, sans fioriture ni inutiles trémolos, invite à la suivre, à l’écouter attentivement et à la reprendre.
Evelyne Gallet dépeint l’arrogance des hypocrites avides du petit pouvoir de salle des fêtes, ceux qui propagent l’infâme, né de leur désir entacher pour se sentir moins sale "Nous n’aurons plus qu’à être fiers, le torse bombé, le menton en l’air" ("La rumeur"). C’est avec le sourire qu’elle décrit les potes, les coups de gueule et les nœuds qui nous tordent l’estomac pour un regard de travers et les petites phrases qui piquent là où ça fait mal. Parce que rien n’est grave au fond.
Elle chante les affres de l’amour bafoué : "Je t’en veux pas mais je t’envie d’avoir osé le faire, d’avoir osé vivre ta vie, d’avoir écouté tes pulsions, j't’en veux pas mais je t’envie de pouvoir t’envoyer en l’air puis de revenir dans notre lit et de m’en faire la confession" ("Va"), et la tendresse infinie d’une mère : "t’as pas besoin de superflu et si ça ne plaît pas aux cons, tu les emmerdes à ta façon, Oh ma cocotte si tu savais comme t’es belle telle que t’es" ("Cocotte")
Ça swingue, ça fait valser et ça rêve, La fille de l’air est une optimiste galette détenant une fève dans chacune de ses parts. Evelyne Gallet porte l’album de ses textes affûtés, enrichis de collaborations multiples (Dimoné, Stéphane Balmino, Jeanne Garraud, Mina, Emilie Teillaud et les autres).
Encore un programme bien chargé et très éclectique au travers de notre sélection culturelle hebdomadaire. Beaucoup à lire, à voir, à écouter... alors ne perdons pas de temps. C'est parti pour le sommaire.