Pourquoi le disque de Joseph Fisher est-il si beau, est-il si intense, en dehors de ses qualités musicales et littéraires ? Parce que ce Chemin vert représente parmi ce qui nous tient le plus à cœur dans la création musicale : l’honnêteté, la passion, l’amour de la culture pop indie, l’indépendance, une exigence du propos, et une humanité.
Joseph Fisher, dont nous avions déjà apprécié son premier EP, Premières prises, c’est lui, c’est nous. C’est nous surtout si nous savions manier la guitare et les mots comme lui. Ses failles, ses doutes, ses bonheurs sont les nôtres. Nous aussi, nous alternons entre gentil garçon ("Chemin vert", "Gardez Tout", "La ville nouvelle"...) et vrai con ("Je ne suis pas gentil", "Les jolies filles"...).
Preuve en est que l’on peut faire semblant, ou pas, d’écrire (très bien) des choses (très) personnelles et de toucher un maximum, et profondément, de gens. Peut-être parce qu’il le fait sans fard, sans détour. La musique, avec Alan Holding à la basse et Paul Mabillot à la batterie (et Joshua Hudes derrière les manettes et Kramer (Galaxy 500) à la masterisation) qui accompagne ses mots est au diapason. Ni totalement rock, ni totalement pop, elle sonne juste, ne transige en rien, elle est comme un écrin, claire, capable de mouvoir et s’émouvoir, simple mais efficace.
Chemin vert pourrait être un regard fin, mordant (lucide ?) sur la vie. En tout cas, il s’inscrit dans la vie. C’est un disque d’adulte, de quarantenaire. Un âge où l’on sait être capable d’être tranchant, littéraire, et qu’il n’est pas forcément nécessaire de faire hurler les guitares. Joseph Fisher est un type bien, sa musique aussi. Forcément.
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