Spectacle conçu et mis en scène par Thomas ostermeier d'après l'essai éponyme de Didier Eribon, avec Cédric Eeckhout, Irène Jacob, Blade Mc Alimbaye. Dans un studio d'enregistrement sans particularité autre qu'être celui d'un musicien-rappeur (Blade Mc Alimbaye) soucieux de son matériel, une actrice (Irène Jacob) enregistre le commentaire du documentaire d'un ami réalisateur (Cédric Eeckhout) consacré au philosophe et sociologue militant de la cause homosexuelle Didier Eribon.
Sous le titre "Retour à Reims", celui-ci a consigné par écrit son "coming out de classe" après sa rupture de ban avec une famille plébéienne, notamment un père qui acceptait mal son homosexualité, et, à l'issue de ses études secondaires, avec le reniement de son origine sociale pour devenir indique-t-il "un transfuge social" en autres termes un intellectuel bourgeois.
Sur le plateau, dans la mise en scène de Thomas Ostermeier, peu d'action dramatique à l'exception d'une confrontation conceptuelle suscitée par l'actrice, une actrice "engagée" qui ne se contente pas d'être une voix en contestant le point de vue du réalisateur notamment sur la nécessité d'inclure les "gilets jaunes", et la scène finale inattendue dont la primeur revient au spectateur.
L'essentiel consiste donc au visionnage du film réalisé par le vidéaste Sébastien Dupouey et Thomas Ostermeier qui se présente comme un documentaire classique avec un assemblage d'images actuelles de Didier Eribon dans les lieux de son enfance et d'images d'archives sur les luttes ouvrières.
Et ce ne sont pas tant les images qui peuvent interpeller, que les commentaires, même si dispensés d'une voix atone au ton à la limite du mélodramatique qui, sur la longueur près de deux heures, incite à la somnolence, qui dressent, passant de l'individuel-biopic au collectif, un état des lieux des situations socio-politiques européennes.
Ainsi, ils reprennent des réflexions contemporaines, entre autres, sur l'"embourgeoisement" de la classe ouvrière par l'incitation au consumérisme, sa dérive politique historique, de la gauche communiste vers l'extrême droite, les mécanismes d'exclusion dont celui de l'école et, surtout, à saisir au vol, les novations terminologiques du discours politique, telle celle du "vivre ensemble", ressortant au moralisme pour, au mieux, masquer son incurie, et, au pire pour affirmer son cynisme.
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