En trois disques, le trio La Tène (vielle à roue, harmonium, percussions) s’est construit un univers à part aux frontières, grosso modo, des musiques traditionnelles (pour l’instrumentation) et des musiques expérimentales.

Pour ce Abandonnée / Maleja, l’ensemble s’étoffe de deux cornemuses (jouées par Jacques Puech et Louis Jacques), d’une guitare douze cordes (jouée par Guilhem Lacroux) et d’une guitare basse (jouée par Jérémie Sauvage).

Ce n’est pas l’instrumentation qui fait l’esthétique, on se situerait plutôt vers une musique répétitive, dans les bourdons, dans les rythmiques, voire grecque ancienne : une question de modalité sûrement ou psychédélique : comme une porte d’entrée vers une expérience sonore, lancinante et hypnotique, transcendantale presque.

Comme chez Sunn O))) (le mur du son en moins) ou Terry Riley, la musique du trio évolue lentement (quatre morceaux faisant environ 20 minutes chacun), presque imperceptiblement, par strates : harmoniques, mélodiques, de timbres, rythmiques... C’est une histoire de sons. Il faut donc accepter de s’abandonner (notamment aux différents timbres si particuliers) pour vibrer à l’unisson de cette musique graniteuse, organique.

Ce disque ne se raconte pas, il s’écoute. Il faudra s’y perdre pour mieux y revenir. Comme toujours avec La Tène, plus qu’un simple disque, une véritable expérience auditive.