Réalisé par Dominique Choisy. France. Comédie. 1H48. (Sortie 23 janvier 2019). Avec Johnny Rasse, Mickaël Pelissier, Nathalie Richard, Juliette Damiens, Marie Vernalde, Bertrand Belin, Julien Graux et Tancredi Volpert.
Trois films en vingt ans. On ne peut pas dire que Dominique Choisy encombre un cinéma français suffisamment fat pour se passer de lui comme de quelques autres.
Pourtant, son univers aussi saugrenu qu'impertinent reste en mémoire et si l'on a vu "Les fraises des bois", on se souvient de ce film qui cachait ses intentions délétères sous un vernis d'absurde et de fantaisie.
Bis repetita, donc, avec "Ma Vie avec James Dean" qui a tout pour nourrir la rubrique du "petit film sympathique" et qui s'avère au final un vrai film homo.
Géraud est un cinéaste qui vient présenter au Tréport son premier long métrage qui s'intitule lui aussi "Ma vie avec James Dean"
Timide, pas à son aise face aux rares personnes qu'ils croisent, son séjour sur le littoral picard s'annonce catastrophique puisque Sylvia, qui devait s'occuper de lui et de son film, est totalement à côté de la plaque.
Attention ! Ça pourrait n'être que la énième petite pochade pince-sans-rire comme les réalisait jadis un Philippe Harel avant qu'il jette l'éponge.
Mais c'est beaucoup mieux, car avec peu d'éléments, Dominique Choisy construit une fiction qui n'a rien de minimaliste et où chacun prend sa place et la garde, finit par faire nombre autour du jeune héros.
On y retrouve avec grand plaisir dans le rôle de Gladys, Juliette Damiens qui faisait déjà merveille dans "Les Fraises des bois".
Cette fois, elle aimerait que Géraud la remarque et, pourquoi pas, l'autorise, lui et son film, à les accompagner dans leur tournée picarde.
Sauf que les spectateurs du Tréport et de ses environs, se comptent sur les doigts d'un main et prennent la forme d'une vieille dame toute digne.
Occasion de revoir et d'entendre une des plus belles présences du cinéma français : Françoise Lebrun. Et puis, il y a Balthazar, l'homme à tout faire du petit cinéma du Tréport et qui va tout faire avec Géraud.
Film qui bifurque tranquillement, "Ma vie avec James Dean" de Dominique Choisy transforme un cinéaste maladroit en une presque icône gay. Johnny Rasse est parfait dans ce rôle où tout l'atterre puis l'étonne, surtout quand les circonstances font aussitôt de lui "l'homme mûr" du couple, lui qui n'a aucune expérience.
Une autre chose singulière pour terminer : Dominique Choisy filme bien Le Tréport et sa grisaille consubstantielle, à tel point qu'on a l’impression que le ciel y est bleu.
Encore un miracle cinématographique opéré par ce joli film décidément sans tabous, même météorologiques. |