Malgré son titre (inspiré d'une chanson de Colette Renard) et sa couverture, ce livre ne s'adresse pas aux amateurs de romans érotiques, revenus à la mode depuis le succès de 50 nuances de Grey.
L'auteur, Stéphanie Berrebi, journaliste de style musical, analyse ses relations amoureuses les plus longues et les plus marquantes. Parmi celles-ci, une histoire d'amour avec un homme marié, une relation toxique avec un chanteur pervers narcissique, et un jeune macho plus âgé, qui l'a déflorée qu'elle lorsqu'elle avait 13 ans.
Ce roman autobiographique déconstruit, étape par étape, comment l'auteur s'est enfermée dans des histoires d'amour forcément destinées à finir mal, comme le chanteraient les Rita Mitsouko. No Future. Comme dans une psychanalyse, elle passe en revue les souvenirs, du plus récent au plus ancien, pour expliquer comment l'élan amoureux de l'un vers l'autre, et toutes les mésaventures qui en découlent, ne répond en rien à un destin, mais à une construction de la psyché.
Une des originalités du roman est de citer des extraits de chansons pour illustrer les différentes phases dans l'évolution de chacune des histoires. En effet, les chansons, écoutées dans la solitude de sa chambre d'ado ou entendues plus ou moins volontairement à la radio, influencent l'imaginaire qu'on se forge de la connexion amoureuse ou du rapport de couple auquel on aspirera à l'âge adulte. On peut imaginer qu'une jeune fille qui, comme l'auteur, écoutait Brassens, Véronique Samson ou Starmania ne se fera pas la même idée de la relation amoureuse adulte qu'un fan de Morrissey, ou qu'une gamine qui aujourd'hui écouterait Booba, Kaaris ou autre menestrel du rap à grosses couilles.
Ce roman psychologique, écrit par une femme, cherche à réintégrer de la subtilité et des zones grises dans un jeu de séduction femme / homme, dominant(e) / dominé(e) à l'heure du #MeToo et #BalanceTonPorc où chacun, à travers la fenêtre de réseaux sociaux aussi étroite que la pensée des internautes, peut s'autoproclamer victime ou accuser le premier quidam, croisé uniquement sur un chat, d'être un violeur présumé.
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