Comment Rome est-elle passée d’un million d’habitants à 20.000, de quoi à peine remplir le colisée à l’époque ? Que s’est-il passé quand 350 000 sur 500000 sont morts de la peste Bubonique à Constantinople ?
C’est en partie à ces questions que tente de répondre Kyle Harper, un professeur d’Histoire à l’université d’Oklahoma, avec son dernier ouvrage publié aux éditions La Découverte. Kyle Harper part du constat que l’on ne peut plus désormais raconter l’histoire de la chute de Rome en faisant comme si l’environnement (climat, bacilles mortels) était resté stable. L’empire tardif a été le moment d’un changement décisif : la fin de l’optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne.
L’auteur nous montre que les changements climatiques ont favorisé l’évolution des germes, comme celui responsable de la peste bubonique. En même temps, ils ont aussi été les complices de la mise en place d’une écologie des maladies qui ont ensuite assuré leur perte. Les exemples sont nombreux : les bains publics étaient des bouillons de culture, les égouts stagnaient sous les villes, les greniers à blé étaient une véritable bénédiction pour les rats. Le développement des routes terrestres pour le commerce qui reliaient tout l’empire ont aussi permis la propagation des nombreuses épidémies de la mer Caspienne au mur d’Hadrien. Le temps des pandémies était arrivé.
Face à ces catastrophes, les habitants de l’Empire ont cru à la fin du monde. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l’Islam, ont alors triomphé des religions païennes.
C’est donc une autre histoire de la fin de l’empire romain que nous propose Kyle Harper. Il s’appuie sur des recherches récentes et des pistes de réflexion nouvelles qui n’ont rien d’excentriques. Sans nous dévoiler forcément des vérités absolues, son travail a pour but qu’il reste encore de nombreuses choses à découvrir pour mieux comprendre la chute de l’Empire romain.
C’est donc un ouvrage audacieux que nous propose Kyle Harper puisqu’il examine la chute de Rome sous le prisme climatique, un livre à la lecture facile qui s’appuie sur de nombreuses données statistiques, chronologiques et économiques.
Et en même temps, ces révélations climatiques qui pourraient expliquer la chute de l’Empire Romain trouvent un écho important dans notre société actuelle et notre monde qui commence à angoisser devant le réchauffement climatique, produit de notre mode de consommation. |