C’est un court roman, d’à peine 180 pages que nous propose Erwan Desplanques en ce début d’année 2019 avec L’Amérique derrière moi, publié aux éditions de l’Olivier. Né en 1980, Erwan Desplanques a grandi à Reims. Après des années de journalisme à Télérama, il s’est installé à Hossegor et collabore régulièrement à la revue Décapage depuis sa création. Il a déjà publié un premier roman en 2013, Si j’y suis puis un recueil de nouvelles, Une chance unique, sélectionné pour le prix Goncourt de la nouvelle en 2016.
Avec L’Amérique derrière moi, Erwan Desplanques nous propose un court roman qui conjugue avec une grande habilité la vérité autobiographique et l’invention romanesque. Son narrateur apprend la veille de Noël que sa femme attend un heureux évènement. Simultanément, il apprend aussi que son père est atteint d’une tumeur incurable. Il nous raconte alors cette période étrange pendant laquelle l’attente d’un heureux évènement et l’imminence d’un grand malheur finissent par se confondre.
A travers les personnages du couple parental, passionnel et turbulent, l’excentricité du père qui voue une passion inconditionnelle pour les Etats-Unis, les traces de la dernière guerre mondiale, l’auteur nous emmène en excursion, autour de plusieurs générations, au sein d’une famille singulière, à la fois unie et désunie, aimante et maltraitante. Chemin faisant, avec une très grande élégance d’écriture, bercé par une grande lucidité, Erwan Desplanques nous présente chacun et enchaîne les situations sous leurs aspects les plus comiques et les plus déchirants.
Le narrateur nous raconte son enfance, l’occasion pour lui pour évoquer l’admiration excessive, parfois ridicule, de son paternel pour les Etats-Unis. Le récit du narrateur oscille entre évocations du passé et le présent autour de sa femme enceinte et les visites à son père malade qui habite à Reims. On entre dans l’intimité de l’auteur sans que cela soit gênant, on passe du rire aux larmes, notamment pour ce qui est des passages concernant la mort du père et la fin du livre s’avère être particulièrement sublime, expliquant notamment le titre de l’ouvrage.
L’Amérique derrière moi est un très bel ouvrage, sincère et pudique dans lequel l’auteur a su trouvé la distance parfaite avec son lecteur. Il est de ces romans qui parlent à tous ceux qui ont connu l’attente d’un enfant mais aussi la maladie d’un parent. Il est aussi une formidable ode à la vie, à la nouvelle vie, celle que prendra son auteur (et narrateur) pour quitter Paris et rejoindre la province.
L’Amérique derrière moi est un petit bijou, tout simplement, un livre qu’il faut lire, qui ne vous décevra pas. |