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Persona  (Cinq 7)  janvier 2019

Son excellent duo avec Les Liminanas (Dimanche) annonçait déjà la couleur : musique de boucle, parole minimale, répétitive et malaxée.

Son nouveau disque, Persona, fonctionne de la même façon mais les textes prennent une autre dimension. En effet, le choix de ce titre n’est pas anodin. Persona renvoie à ces masques de théâtre antique mais aussi à une "personne fictive stéréotypée", c’est-à-dire un personnage. Persona, c’est aussi personne, c’est-à-dire quelqu’un, une identité et n’importe qui, tout le monde.

Chaque chanson de ce disque est un personnage ancrée dans la réalité, paumé, esseulé, éconduit, etc. qui par exemple "travaille à travailler pour un travail" puis  "travaille à travailler dans un travail" ("Camarade"), sous l’œil d’un contremaitre ("En Rang"). Point important, Belin est, à chaque fois ce personnage, il dit "Je", il est des leurs, leur "camarade".

Cette capacité empathique sans être emphatique force l’admiration : empathique, oui, car Belin se met à la place d’autrui, de ces autrui démunis ou déclassés : sur "Glissé Redressé" : "je n’ai plus de pays, me donner du pain m’en faire don", puis cet homme, qui a glissé se redresse et alors musique et chant varient, subtilement, deviennent plus lumineuse et les cordes éclairent tout ça et pour lui c’est "la fin du sable sale, fin des tessons, fin de ma faim d’animal, fin de maudire les saisons, madame monsieur je me suis redressé" ; Belin voit dans les rues tous ceux qui sont, toujours plus nombreux, à la rue, assis par terre, sur le cul : "Il y avait un homme ce matin (…) il y avait dix hommes ce matin, comme hier d’ailleurs, sur le cul" ("Sur le Cul"). N’oublions pas ce largué, paumé, esseulé qui cherche un banc pour tenter de dire des "Choses nouvelles" à celui ou celle qui l’a délaissé : "cherchant un banc bien gaulé (…) assis sur ce banc mal gaulé … je chéris ton cœur adoré (… ) cachant à ma raison que du temps a passé je chéris ton cœur, la nuit je parle seul je te parle tout seul pour te dire des choses nouvelles" ; de même sur "Nuits bleues" : "elle est partie, c’est rien de le dire (…) ouvre la fenêtre le ciel est noir d’oiseau (…) la vérité, la vie crue, les nuits bleues, le bruit et la fureur (…) le ciel a changé de place, un vague à l’âme, le ciel a enfin changé de place".

Musicalement le climat est un bluesy et les chansons reposent sur des basses jouées en boucle et des batteries chaudes, les guitares sont présentes mais plutôt en toiles de fond. Les claviers interviennent, ponctuent, interférent ou brouillent la parole ("Bronze"), indiquent, par exemple, un changement de sens, de même pour les (rares) cordes.

En quelque mots, en jouant sur les intonations et la ponctuation, Belin, de son chant contenu nous donne à voir (plus qu’à entendre) des réalités sociales et humaines : ce "S’il vous plaît" adressé à un certain public à l’opéra ("L’opéra") répété toujours différemment donne à voir le mépris d’une partie du public pour une autre partie. Cela sans être emphatique car ici tout est discret et les petites variations dans cette musique de boucle nous donnent à comprendre ; tout est clair pour qui veut bien tendre l’oreille car Belin ne crie rien, n’impose pas le sens, ne vole pas la vedette aux "gens" dont il parle.

Dire beaucoup avec très peu, c’est là je crois l’objectif de Belin, et cela autant dans la musique que dans les paroles.

Donner accès au sensible à ces "persona", à ces personnes, et le réaliser de cette façon là, avec discrétion, en étant personne c’est-à-dire quelqu’un et justement, personne, tout le monde, sans ne jamais dire eux, les différents, les anormaux, les déclassés, les esseulés, etc. mais "Je", sans ne jamais brandir slogans ni étendards, sans ne jamais "dénoncer les injustices" est une démarche politique bien plus pertinente et admirable que toutes les "chansons engagées" des ridicules "artistes engagés" (ça veut dire quoi, d’ailleurs artistes engagés ?) qui bien souvent instrumentalisent les causes qu’ils dénoncent (quel courage !) à leur propre profit et gloire.

Dernier point enfin, au vu des thèmes abordés dans ce disque il eut été indécent de développer des musiques opulentes aux arrangements riches et fournis. Ici, au contraire, le dépouillement et la sobriété sont de mises, peu de musiciens, peu d’instruments, beaucoup de précision dans l’exécution. Un climat sobre, retenu.

Un disque, c’est certain, qui marquera ; Persona est de ce genre de disque que l’on ré écoutera lorsqu’on sera lassé de tout le reste.

 

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L'interview de Bertrand Belin (samedi 9 mars 2019)

En savoir plus :
Le site officiel de Bertrand Belin
Le Soundcloud de Bertrand Belin
Le Facebook de Bertrand Belin


Francois Montjosieu         
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# 27 janvier 2019 : Il n'y a pas débat

Pas besoin de grand débat pour savoir que la culture est indispensable à toute bonne société civilisée qui se respecte. On continue, comme chaque semaine à apporter notre petite pierre à l'édifice. Voici donc le sommaire de la semaine.

Du côté de la musique :

"By the river" de Da Capo
"Géométries sous-cutanées" de Watine
"Why hasn't everything already disappeared ?" de Deerhunter
"Soleil" de Imagho
"Les avatars du vide" de Blurr Thrower
"Portraits EP" de Clara Malaterre
"Sin armor" de Rach Three
"The unseen in between" de Steve Gunn
et toujours :
"Remind me tomorrow" de Sharon Van Etten
"Todhe todhe, volume 3" de Pierre de Bethmann Medium Ensemble
Rencontre avec Jean Pierre Kalfon qui sera en concert avec Jad Wio le 24/01
"Bottle it in" de Kurt Vile
"Abandonnée / Maleja" de La Tène
"Transparence" de TOOOD (That Obscure Object Of Desire) à retrouver également en interview mais aussi pour une superbe session électrique de 4 titres à prolonger par leur passage dans l'émission Trifazé de Radio Campus à réécouter ici
"Assume form" de James Blake
"Desert eyes" de (Thisis) Redeye
"L'étrangère" de Andéel
"They are here" de Falaises
"Emigrar" de Irina Gonzalez
"Unwind EP" de Liquid Bear

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Les Ailes du désir" au Théâtre 13/Seine
"Comme en 14" au Théâtre La Bruyère
"Le Songe d'une nuit d'été" au Théâtre Le Ranelagh
"Charlotte" au Théâtre du rond-Point
"Bérénice" au Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis
"Le Prince travesti" au Théâtre 71 à Malakoff
"La Ménagerie de verre" au Théâtre de l'Epée de Bois
"Les Secrets d'un gainage efficace" au Théâtre du Rond-Point
"Kolik" au Centre Pompidou
"Comment j'ai dressé un escargot sur tes seins" au Théâtre de la Contrescarpe
"La Chute de la Maison Usher" au Musée Gustave Moreau
"Amadagi" au Théâtre Athénée-Louis Jouvet
et les reprises:
"Chance" au Théâtre La Bruyère
"Riton Liebman - La Vedette du quartier" au Théâtre du Petit Saint Martin
"Gilles Ramade - Piano Furioso Opus 2" au Théâtre de la Gaité Montparnasse
"Petit manuel d'engagement politique à l'usage des mammifères doués de raison et autres hominidés plus ou moins doués" au Théâtre de la Contrescarpe
et les autres spectacles à l'affiche en janvier

Expositions avec :

une prolongation pour :
"Artistes à Montmartre, lieux et ateliers mythiques" au Musée de Montmartre
"Cités millénaires - Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul" à l'Institut du Monde Arabe
et la dernière ligne droite pour :
"Miro" au Grand Palais
"Grayson Perry - Vanité, Identité, Sexualité" à la Monnaie de Paris
"Giacometti - Entre tradition et avant-garde" au Musée Maillol
"Transmission/Transgression - Maîtres et élèves dans l'atelier" au Musée Bourdelle
"Il était une fois Sergio Leone" à la Cinémathèque française

les films de la semaine :
"L'amour debout" de Michaël Dacheux
"Skate Kitchen" de Crystal Moselle
Ciné en Bref avec :
"Les Invisibles" de Louis-Julien Petit
"Pupille" de Jeanne Herry
"Edmond" de Alexis Michalik
"Ben is back" de Peter Hedges
"Bienvenue à Marwen" de Robert Zemeckis
"Le Retour de Mary Poppins" de Rob Marshall
"Les Confins du monde" de Guillaume Nicloux
"Wildlife" de Paul Dano
"Glass" de M. Night Shyamalan
Oldies but Goodies avec "La vie d'un femme" de Yasuzo Masumura dans le cadre de la Rétrospective du cinéma japonais à la Cinémathèque française
et la chronique des autres sorties de janvier

Lecture avec :

Nous étions à Angoulême pour le festival de BD :
Tsutomo Nihei, L'arpenteur des futurs
Exposition Milo Manara, Itinéraire d'un maestro de Pratt à Caravage
"Battements de coeur" de Cécile Pivot
"L'empreinte" de Alexandre Marzano-Lesnevich
"La paix" de André Tardieu
"Les nuits d'une damoiselle (après vous, messieurs !)" de Stéphanie Berrebi
"Lincoln highway 750" de Bernard Chambaz & Barroux
"Retour à Budapest" de Gregor Sander
et toujours :
Présentation du Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême #46
"Anatomie d'un scandale" de Sarah Vaughan
"Ce que je peux enfin vous dire / Devenir" de Ségolène Royal / Michelle Obama
"Essence" de Fred Bernard & Benjamin Flao
"Foulques" de Véronique Boulais
"Le pays des oubliés" de Michael Farris Smith
"Les amochés" de Nan Aurousseau
"Phagocytose" de Marcos Prior & Danide

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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