Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Bertrand Belin
Persona  (Cinq 7)  janvier 2019

Son excellent duo avec Les Liminanas (Dimanche) annonçait déjà la couleur : musique de boucle, parole minimale, répétitive et malaxée.

Son nouveau disque, Persona, fonctionne de la même façon mais les textes prennent une autre dimension. En effet, le choix de ce titre n’est pas anodin. Persona renvoie à ces masques de théâtre antique mais aussi à une "personne fictive stéréotypée", c’est-à-dire un personnage. Persona, c’est aussi personne, c’est-à-dire quelqu’un, une identité et n’importe qui, tout le monde.

Chaque chanson de ce disque est un personnage ancrée dans la réalité, paumé, esseulé, éconduit, etc. qui par exemple "travaille à travailler pour un travail" puis  "travaille à travailler dans un travail" ("Camarade"), sous l’œil d’un contremaitre ("En Rang"). Point important, Belin est, à chaque fois ce personnage, il dit "Je", il est des leurs, leur "camarade".

Cette capacité empathique sans être emphatique force l’admiration : empathique, oui, car Belin se met à la place d’autrui, de ces autrui démunis ou déclassés : sur "Glissé Redressé" : "je n’ai plus de pays, me donner du pain m’en faire don", puis cet homme, qui a glissé se redresse et alors musique et chant varient, subtilement, deviennent plus lumineuse et les cordes éclairent tout ça et pour lui c’est "la fin du sable sale, fin des tessons, fin de ma faim d’animal, fin de maudire les saisons, madame monsieur je me suis redressé" ; Belin voit dans les rues tous ceux qui sont, toujours plus nombreux, à la rue, assis par terre, sur le cul : "Il y avait un homme ce matin (…) il y avait dix hommes ce matin, comme hier d’ailleurs, sur le cul" ("Sur le Cul"). N’oublions pas ce largué, paumé, esseulé qui cherche un banc pour tenter de dire des "Choses nouvelles" à celui ou celle qui l’a délaissé : "cherchant un banc bien gaulé (…) assis sur ce banc mal gaulé … je chéris ton cœur adoré (… ) cachant à ma raison que du temps a passé je chéris ton cœur, la nuit je parle seul je te parle tout seul pour te dire des choses nouvelles" ; de même sur "Nuits bleues" : "elle est partie, c’est rien de le dire (…) ouvre la fenêtre le ciel est noir d’oiseau (…) la vérité, la vie crue, les nuits bleues, le bruit et la fureur (…) le ciel a changé de place, un vague à l’âme, le ciel a enfin changé de place".

Musicalement le climat est un bluesy et les chansons reposent sur des basses jouées en boucle et des batteries chaudes, les guitares sont présentes mais plutôt en toiles de fond. Les claviers interviennent, ponctuent, interférent ou brouillent la parole ("Bronze"), indiquent, par exemple, un changement de sens, de même pour les (rares) cordes.

En quelque mots, en jouant sur les intonations et la ponctuation, Belin, de son chant contenu nous donne à voir (plus qu’à entendre) des réalités sociales et humaines : ce "S’il vous plaît" adressé à un certain public à l’opéra ("L’opéra") répété toujours différemment donne à voir le mépris d’une partie du public pour une autre partie. Cela sans être emphatique car ici tout est discret et les petites variations dans cette musique de boucle nous donnent à comprendre ; tout est clair pour qui veut bien tendre l’oreille car Belin ne crie rien, n’impose pas le sens, ne vole pas la vedette aux "gens" dont il parle.

Dire beaucoup avec très peu, c’est là je crois l’objectif de Belin, et cela autant dans la musique que dans les paroles.

Donner accès au sensible à ces "persona", à ces personnes, et le réaliser de cette façon là, avec discrétion, en étant personne c’est-à-dire quelqu’un et justement, personne, tout le monde, sans ne jamais dire eux, les différents, les anormaux, les déclassés, les esseulés, etc. mais "Je", sans ne jamais brandir slogans ni étendards, sans ne jamais "dénoncer les injustices" est une démarche politique bien plus pertinente et admirable que toutes les "chansons engagées" des ridicules "artistes engagés" (ça veut dire quoi, d’ailleurs artistes engagés ?) qui bien souvent instrumentalisent les causes qu’ils dénoncent (quel courage !) à leur propre profit et gloire.

Dernier point enfin, au vu des thèmes abordés dans ce disque il eut été indécent de développer des musiques opulentes aux arrangements riches et fournis. Ici, au contraire, le dépouillement et la sobriété sont de mises, peu de musiciens, peu d’instruments, beaucoup de précision dans l’exécution. Un climat sobre, retenu.

Un disque, c’est certain, qui marquera ; Persona est de ce genre de disque que l’on ré écoutera lorsqu’on sera lassé de tout le reste.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album eponyme de Bertrand Belin
La chronique de l'album La perdue de Bertrand Belin
La chronique de l'album Hypernuit de Bertrand Belin
La chronique de l'album Cap Waller de Bertrand Belin
Bertrand Belin en concert au Studio Acousti (Showcase) (15 février 2005)
Bertrand Belin en concert à l'Espace Jemmapes (17 mai 2006)
Bertrand Belin en concert au Festival FNAC Indétendances 2007 (vendredi)
Bertrand Belin en concert à La Flèche d'Or (mardi 26 juillet 2012)
Bertrand Belin en concert à Colisée (7 mars 2013)
Bertrand Belin en concert au Trianon (mardi 15 décembre 2015)
L'interview de Bertrand Belin (samedi 9 mars 2019)

En savoir plus :
Le site officiel de Bertrand Belin
Le Soundcloud de Bertrand Belin
Le Facebook de Bertrand Belin


Francois Montjosieu         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
# 10 février 2019 : La victoire enchantée

Dans l'édition de cette semaine, nous ne vous parlerons pas des Victoires de la musique même si cette année, il y a eu quelques belles surprises et que l'on est heureux pour Jeanne Added que l'on suit depuis ses débuts. Pas de victoires donc mais des tas de curiosités, d'artistes à découvrir, de spectacles à voir, de livres pour les longues soirées pluvieuses et même des jeux vidéos. C'est parti pour le sommaire de la semaine.

Du côté de la musique :

"Persona" de Betrand Belin
"Les rivages barbelés" de Intratextures
"The mirror" de Nicolas Gardel et Rémi Panossian
"La révolte des couverts" de Wildmimi
"The sublime" de Yeruselem
"Aksham" de Aksham
"Last train" de Big Dez
"Tightrope EP" de Bigger
Caroline Loeb au Grand Point Virgule pour jouer "Comme Sagan" en live
Présentation du 11ème festival de Beauregard et de sa programmation
"Kalune EP" de Kalune
et toujours :
"Antoine Sahler" de Antoine Sahler
"Sofia says" de Gaël Segalen, accompagnée d'un entretien avec Gaël Segalen
"Divine" de Maud Lübeck
Interview avec Patrick Coutin autour d'un disque triptyque à venir et bientôt un live filmé par vos serviteurs
"Mikrokosmik" de Stéphane Pelegri
"Isles" de YOU
"Où va-t-on dormir ce soir ? EP" de Bodie
"Comme Sagan" de Caroline Loeb
"Palmapop EP" de Duel
"Contrebande" de Fiona Monbet
"When will the flies in Deauville drop ?" de Le Villejuif Underground
"Firewalker EP" de Maps of Jupiter
16PAC en session acoustique à retrouver sur notre chaine Youtube

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Orphée" au Théâtre Le Lucernaire
"Ivanov" au Théâtre du Nord-Ouest
"1300 grammes" au Théâtre 13/Seine
"Six personnages en quête d'auteur" au Théâtre Athénée-Louis Jouvet
"Savannah Bay" au Théâtre Le Lucernaire
"Les Liaisons dangereuses" à la Comédie Saint-Michel
"Invisible" au Lavoir Moderne Parisien
"Ma Grammaire fait du vélo" au Théâtre Essaion
"Les Méfaits du tabac<" au Théâtre du Nord-Ouest
"Les Swinning Poules - Chansons synchronisées" au Théâtre Essaion
les reprises:
"La Vie est un songe" au Théâtre de la Tempête
"Voyages avec ma tante" au Théâtre Hébertot
"Un amour impossible" au Centquatre
"Françoise par Sagan" au Théâtre Lepic
"Alain Bernard - Piano Paradiso" au Théâtre Les Déchargeurs
et la chronique des autres spectacles à l'affiche en février

Lecture avec :

"Angola janga" de Marcelo D'Salete
Interview de Stella Lory dans le cadre du festival de la BD d'Angoulême
"Gangs of L.A." de Joe Ide
"Hunger : une histoire de mon corps" de Roxane Gay
"L'Amérique derrière moi" de Erwan Desplanques
"L'ombre d'un père" de Christoph Hein
"Le président des ultra riches" de Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot
"Que faire des cons ?" de Maxime Rovere
"Une éducation" de Tara Westover
et toujours :
"Bacchantes" de Céline Minard
"Comment l'empire s'est effondré" de Kyle Harper
"L'appel" de Fanny Wallendorf
"L'étranger dans la maison" de Shari Lapena
"La procession infinie" de Diego Trelles Paz
"Les dévastés" de J.J. Amaworo Wilson
"Les outrages" de Kaspar Colling Nielsen

Froggeek's Delight :

"I Will Survive" petit tour d'horizon des jeux dits "Survival"
et toujours :
"Red dead redemption 2" est là, sur PS4 et Xbox One
"Quantum Break" sur PC Windows et Xbox One
"Assassin's Creed : Odyssey" sur PS4, XBOXONE, PC Windows
"Astrobot rescue mission" jeu en réalité virtuelle sur PS4
"Marvel's Spider-Man" en exclusivité sur PS4
"Shadow of the Tomb Raider" sur PS4, XBOXONE et PC
"Kingdom Come : Delivrance" sur PC, PS4 et XBOX

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

Les 4 derniers journaux
- 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
- 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
- 07 avril 2024 :Un marathon de nouveautés !
- 01 avril 2024 : Mieux vaut en rire !
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=