Comédie dramatique de Léonore Confino, mise en scène de Catherine Schaub?, avec Bruno Cadillon, Bénédicte Choisnet, Yvon Martin, Denis Sebbah et Tessa Volkine accompagnés par le musicien Edouard Demanche.
"1300 grammes" est le poids moyen d’un cerveau humain. qui porte notre savoir, nos réflexions, nos émotions, nos souvenirs, nos sentiments les plus intimes. On pense ce cerveau figé, mais il se réinvente en permanence. On se fie à lui, mais il nous ment sans cesse.
Ce que va découvrir Camille (Bénédicte Choisnet), jeune auteure victime d’un AVC et qui tire, depuis son lit d’hôpital, le fil d’Ariane la conduisant dans les dédales de son esprit.
Elle y croisera de drôles de personnages : un conférencier très TED talk promouvant son best-seller "Welcome to your fucking brain" (Youri, joué par Yvon Martin), un partenaire d’écriture au bord de la crise de nerf (Farid, interprété par Denis Sebbah), un quinquagénaire en charge d’un lieu culturel et qui s’en prend aux "scolaires" des mercredi après-midi à défaut de pouvoir parler à sa femme qui vient de le quitter ou à son fils qui le blâme de cette séparation (Bruno Cadillon en Monsieur Grach), et enfin une vagabonde aux pieds malodorants (Tessa Volkine) très énigmatique.
Amour, haine, culpabilité, le voyage de Camille à l’intérieur de son propre cerveau va faire émerger sentiments, souvenirs et émotions volontairement enfouis, pour trouver au cœur son labyrinthe intérieur le minotaure qui la hante depuis tant d’année et l’empêche de se mettre au service de son propre bonheur.
Inspirée par sa propre histoire Léonore Confino, l’auteure, propose aux spectateurs un voyage tortueux - tel le suivi d’une information dans un dédale neuronale - juxtaposant en apparence les saynètes, semblant passer du coq à l’âne, mais tissant néanmoins patiemment les fils d’un canevas bien pensé.
Les interrogations de Camille sur son cerveau défaillant viennent se lire à la lumière des informations données par Youri, le conférencier, tandis que les déboires de Farid et Monsieur Grach illustrent l’incroyable puissance de nos capacités émotionnelles et cognitives à jouer contre nous-mêmes.
La mise en scène de Catherine Schaub, mouvante, organique, ainsi que la très onirique scénographie de Anne Lezervant, basée sur un jeu de structures légères et modulables sur lesquelles se projettent des images, contribuent au cloisonnement clair des différents éléments du patchwork narratif tout en renforçant l’allégorie filée tout au long du spectacle de la plasticité cérébrale, socle de notre capacité de résilience.
Rêves et réalité finissent par se fondre dans des éléments plus proches de la métaphore jusqu’à l’apothéose de l’exploration physique du cerveau de Camille par elle-même et Youri, petite pépite visuelle de cette création. La musique live, interprétée par Edouard Demanche à la batterie, clavier et guitare, enrobe l’ensemble d’une atmosphère parfois légère mais le plus souvent oppressante.
Il en résulte un spectacle inclassable, porté par des acteurs toujours justes, malgré une partition difficile, à la fois voyage initiatique et récit dramatique, sorte d’inventaire émerveillé et très bien documenté de nos capacités cognitives véhiculant in fine un message d’espoir et posant une question essentielle : qui sommes-nous vraiment, au plus profond de notre être, au-delà de ce que nous nous cachons à nous-même et qui nous fait honte ? |