Avec Retour au zoo, son album fort réussi de pop-rock mélancolique, Vérone a suscité l'engouement au point d'être souvent qualifié de révélation rock français de l'année.
Dans un registre peu usité dans le paysage musical de la chanson française, dont Gérard Manset est l'un des rares maîtres, des textes intimistes et introspectifs posés sur un mélange de minimalisme pop et d'électro concourraient à créer des univers poétiques, qui frisaient le post rock, embarquant l'auditeur dans des voyages oniriques et des rêveries intérieures.
Lors de leur concert au Nouveau Casino en janvier 2005, Vérone prouvait que s'il maîtrisait l'instrumentation sophistiquée et la chanson éthérée, il savait également éprouver ses compositions dans un registre plus rock, ce qui démontrait un beau potentiel et mettait à bas les critiques de parisianisme maniéré.
Ce soir au Point Ephémère, Vérone a su, une fois encore, nous surprendre en nous emmenant peut être là où on ne l'attendait pas même si la chanson "L'élixir du suédois", qui ne figure pas sur l'album, mais qu'il jouait en live constituait un bon indice, et ce avec rien de moins que 7 nouveaux morceaux.
En effet si le concert débute avec "Alaska", tout en spleen évanescent et chanson phare s'il en est de la tonalité de l'album, joué à la guitare sèche avec la batterie de Tom Fury sur lesquels viennent se greffer ensuite la guitare et la basse, Vérone opère immédiatement après un virage à 180 degrés avec "Etre beau" et "Le concours d'imitations" qui, sur des rythmes pêchus de chanson pop-folk urbaine, nous narrent les affres des obsédés de la chirurgie esthétique ou des records Guinness ("Est-ce que tu préfères le concours de brame du cerf ou le lancer de saucisses ?")
Bien sûr, les incontournables "J'ai vu les chevaux sous la mer" et "Retour au zoo", en double voix, celle de Fabien Guidollet et de Justine Defrancq leur nouvelle batteuse, constituent déjà des incontournables.
Si en rappel, Vérone nous propose un "Hamac" qui n'est pas sans rappeler "Jéricho" dans sa veine instrumentale et son phrasé, le reste du set révèle un Vérone qui puise son inspiration dans un quotidien passé à la moulinette d'un humour plutôt froid et une iconographie adulescente.
"Le garage" avec son intro au banjo par Delphine Passant et ses arrangements style fanfare des beaux arts, le bestiaire avec le succulent "Elixir du suédois" ("Groin-groin, fais gaffe à tes cotes de porc" avec en images de fond la farandole des masques), la croquignolesque "La fiancée du crocodile" (sur piétinage de bonbons gélifiés) et la comptine "La tête à l'envers" ("Je suis le pape en jarretelles, je suis le Père Noël") ravissent le public et s'intègrent sans difficulté aux morceaux plus introspectifs.
Un très bon concert qui nous annonce déjà la teneur d'un prochain album d'un groupe qui a un son et un univers très personnels et qui, de manière très inattendue, réussit à faire coexister des registres différents.
A Toulouse, il n'y a pas que la ville rose de Claude Nougaro ou la tchatche des Fabulous Trobadors.
Il y a aussi Expérience le groupe de Michel Cloup, l'un des deux têtes pensantes du défunt groupe Diabologum qui bouleversa le paysage musical français dans les années 90 avec son noisy hip hop.
Experience vient de sortir son 3ème album Positive karaoké un album de reprises.
Et c'est par des reprises qu'il commence son set, reprises parmi lesquelles "Seule la musique" de Costes, "Is Chicago ? Is not Chicago ?" de Soul Coughing, "Prayer to god" de Shellac, "Q and not U" de Collect the diamonds et " Sombre" ("I see a darkness") de BonniePrince Billy.
Avec Widy Marché à la guitare, Francisco Esteves à la basse et Patrice Cartier aux batteries, Michel Cloup n'a rien perdu de son goût pour le rap ou rock binaire et rageur et les tumultueux murs de son sur lesquels il impose sa scansion vociférante.
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