Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean-Luc Mingot, avec Aïcha Finance et Jean-Luc Mingot. Dans l'imaginaire collectif, le prénom Alice renvoie de manière quasi indéfectible à l'héroïne de Lewis Carroll et ses aventures fantastiques au pays des merveilles.
Un pays des merveilles, entendu comme étape initiatique et pouvant s'avérer cauchemardesque et confiner à la folie, qui s'atteint par la traversée du miroir, expression qui au-delà de sa signification de "stargate" sur un monde imaginaire ou fantasmatique, renvoie à la psychanalyse et au stade du miroir dans la construction psychologique de l'enfant.
Intéressé par le thème de la folie déjà abordée dans "L'Irréparable", Jean-Luc Mingot traite de cette thématique soutenue par une étude approfondie de cas cliniques et de récits de patients qui, toutefois, ne se limite pas à une transposition documentaire théâtralisée.
Intitulée "Alice", la partition consiste en l'immersion dans l'univers psychotique d'une femme en rupture, et en dénégation, avec le principe de réalité, pour laquelle le diagnostic - délire schizoïde avec symptômes d'autisme et d'anorexie et syndrome de Peter Pan - se révèle aussi lourd que son hérédité et ses antécédents, fugue, délinquance et drogue.
Mais elle s'arc-boute sur la perméabilité de la frontière entre la normalité et la folie et la folie comme mécanisme de compensation qui noue une intrigue au dénouement inattendu.
Egalement au jeu dans le rôle de figures masculines, réelles ou, possiblement simples projections mentales de la protagoniste, Jean-Luc Mingot assure une mise en scène épurée et dirige Aïcha Finance, comédienne exceptionnelle par son incarnation du tragique et des héroïnes telles "Médée", "Phèdre" et "Lucrèce".
Sa silhouette diaphane et sa maîtrise de la dramaturgie du corps concourent à rendre palpable la détresse psychologique d'une âme douloureuse. Du grand art.
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