Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Jean Teulé, mise en scène de Laurent Le Bras, avec Claudine Van Beneden et Simon Chomel.
"Darling", adapté du roman éponyme de Jean Teulé, raconte l'histoire véritable de la cousine de l'auteur, Catherine.
Née d'une famille de fermiers normands en bord de nationale "dans la chiasse" de sa mère, Catherine, qui voulait qu'on l'appelle Darling comme dans la chanson de Rock Voisine, a eu ce qu'on pourrait nommer "une vie de merde".
Contexte familial difficile, violences, cruautés, brimades, insultes, mauvais choix, extrême malchance, rien n'est épargné à cette femme, qui, avec pugnacité, d'échecs en déconvenues se relève encore et toujours à la recherche du respect et de l'affection qui lui sont refusés.
Pourtant, pas de lamentation dans le récit de Darling, pas d'apitoiement sous la plume de Jean Teulé.
Avec un humour noir, une dose de cynisme, une profonde lucidité et beaucoup de sincérité et de dignité, c'est une personnalité étonnante qui se dévoile au spectateur : celle d'une femme qui a courbé la tête face aux intempéries de la vie, sans se plaindre, sans en rejeter la faute sur qui que ce soit, et qui s'est battu, simplement. Aujourd'hui elle voudrait que les autres l'entendent. Tout aussi simplement.
En adaptant "Darling" de manière très imagée dans une forme musicale et contée, grâce à de nombreuses compositions de Grégoire Béranger, la Compagnie Nosferatu transcende le récit de l'héroïne en en soulignant l'humour comme la violence et en décalant la narration, plutôt enjouée, avec le propos, très dur.
Par ce biais, Darling, interprétée avec brio par Claudine Van Beneden, formidable comédienne et chanteuse, parvient à sublimer ses souvenirs et trouve une rédemption et un hommage mérité.
La mise en scène de Laurent Le Bras impose à ses comédiens une partition sans emphase, simple mais pas du tout simpliste, faisant partager les rêves de la jeune fille puis de la femme, dans un véritable ode à la vie et à la pugnacité.
Le duo Claudine Van Beneden et Simon Chomel, comédien et guitariste, incarnent tous les personnages de l'histoire, se faisant tour à tour protagoniste, témoins, commentateurs et ch?ur, dans une retranscription fidèle du style empreint de dérision de Jean Teulé. Claudine Van Beneden est tout simplement éblouissante en Darling, à la fois bestiale, vulgaire, naïve, sincère, digne, émouvante, charnelle, et terriblement séduisante.*
La scénographie extrêmement travaillée de Sophie Toussaint et Laurent Le Bras permet par de nombreuses trouvailles, de transporter le spectateur tout à la fois dans une ferme normande, une nationale, un camion routier ou un appartement glauque et propose autant de zone d'ombre que de lumière, d'opacité que de transparence.
On ne peut qu'applaudir la qualité du travail d'adaptation, de mise en scène et d'interprétation de l'ensemble de l'équipe artistique qui rend avec ce "Darling", un hommage magistral à une femme hors du commun. |