Comédie dramatique de Jacques Hadjaje, mise en scène de Anne Didon et Jacques Hadjaje, avec Ariane Bassery, Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Dolan, Delphine Lequenne, Laurent Morteau et Jacques Hadjaje (en alternance avec Pierre Hiessler).
Avec "Oncle Vania fait les trois huit", la Compagnie des Camerluches propose un nouvel opus sur un texte original de Jacques Hadjaje qui s'inscrit dans son registre dédié du théâtre social* et de la vie des vrais gens.
Il se présente comme une chronique ouvrière ressortant au registre du réalisme social, qui toutefois ne vise pas au théâtre documentaire, avec pour protagonistes des ouvriers limousins engagés dans une activité de comédien-amateur qui constitue, même si les frontières sont poreuses, un espace-temps privilégié entre le travail à l'usine et la vie personnelle auquel Jacques Hadjaje attribue la fonction de "chambre d'écho".
Ainsi, pour leur représentation annuelle, le couple Colette et Esteban (Isabelle Brochard et Jacques Hadjaje), Jeff (Laurent Morteau), Evelyne (Anne Dolan), Pierre le prêtre-ouvrier (Sébastien Desjours), Jeanne la comptable (Delphine Lequenne), auxquels va s'adjoindre Clara la petite nouvelle (Ariane Bassery), ont choisi "Oncle Vania" de Tchekhov, un choix métaphorique avec la servitude volontaire du personnage-titre au profit d'un professeur-patron sans scrupules.
Mais, cette année, le contexte s'avère particulier avec les graves difficultés affectant l'entreprise qui débouchent sur une potentielle fermeture et un mouvement social et, bien évidemment, impacte le climat des répétitions officiant parfois en psychodrame.
Ce que Jacques Hadjaje aborde de manière clairvoyante dépourvue d'angélisme dans une partition composée de tableaux chronologiques émaillés de biodrames et confrontations qui inclut également en sous-texte une réflexions sur le sens et le rôle du théâtre.
Conjointement avec Anne Didon, il assure la scène avec efficacité dans une scénographie de leur crû, quelques accessoires et, en fond de scène, le grand rideau à lanières en PVC pour entrepôt.
A l'unisson dans la choralité, la troupe des Camerluches porte haut, sans verser dans le naturalisme et distillant une émotion dépourvue de pathos condescendant comme de sensiblerie, cette belle aventure humaine. |