La disparition d'Everett Ruess
(December Square) mars 2019
"God, how the wild calls to me.
There can be no other life for me but that of the lone wanderer.
It has an irresistible fascination. The lone trail is the best for me." Everett Ruess
"Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme,
Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme,
Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !" Arthur Rimbaud
Oh mon dieu que ce disque est beau !
En novembre 1934, Everett Ruess, jeune explorateur attiré par la nature sauvage, peintre et poète de 20 ans, disparaît mystérieusement sans laisser de traces dans le désert du sud de l’Utah, non loin du fleuve Colorado et des territoires Navajos. Emmanuel Tellier, journaliste (aux Inrockuptibles et Télérama notamment), musicien (Chelsea, Melville, La Guardia, 49 Swimming Pools), s’est emparé de ce personnage, est parti pendant quatre ans sur ses traces, a rencontré des passionnés comme lui de Ruess, a décortiqué la correspondance avec sa famille. Tout cela pour faire ce qu’il sait faire de mieux : partager, échanger, nous raconter des histoires de cette Amérique qu’il aime et qu’il connaît tant, parler de liberté, de résistance, de découverte, d’empathie pour les autres...
Avec justesse et humanité, il en a fait un film documentaire, et un disque d’une élégance rare (comme chez 49 Swimming Pools avec How The Wild Calls To Me, déjà autour de Ruess). Sa musique folk-rock, sur une base piano-voix (avec quelques lignes de cordes, parfois accompagné de Cassandre Berger au chant et par Olivier Libaux à la guitare) où le musicien est transcendé par le poète, est d’une intensité bouleversante et introspective. Elle convoque tout autant grands espaces et intimité. Elle possède une force qui vous happe immédiatement, et sans nécessiter la vision du film.
On est porté par ce sens de la narration, cette écriture et ce sens mélodique, par de grandes chansons ("Not Coming Home", "My Body You Will Never Find", "When I Go I Will Leave No Trace", "Cathedral Of Tears", "The Thousand Year Long Road", "531 North Ardmore Avenue", "Stella Alone With The Sky"…). Votre salon s’ouvre devant vos yeux, le désert de l’Utah apparaît et au loin… une silhouette...
Un disque qui fera date parce que fort musicalement, mais aussi parce qu’il ouvre les yeux sur un homme et une certaine Amérique, celle des années 1930. Une Amérique des laissés pour compte (ceux dans l’angle mort du rêve), celle magnifiquement mise en lumière par la photographe Dorothea Lange (Everett Ruess et Dorothea Lange furent amis) et qui fait encore résonnance maintenant. Alors oui : que cette histoire est belle, qu’elle est magnifiquement racontée, que ce disque est beau !
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.