Réalisé par Cécile Besnault et Ivan Marchika. France. Drame. 2h (Sortie le 20 mars 2019). Documentaire.

En ces temps troublés pour l'Église, sur lesquels d'aucuns ont la complaisance de s'étaler, il faut quitter la face obscure de la religion catholique, pour découvrir son autre côté, celui-ci ensoleillé et lumineux...

Attention ! "Leur souffle" de Cécile Besnault et Ivan Marchika est un film d'une grande audace spirituelle et d'une grande radicalité cinématographique.

En deux heures, chargées de psaumes et de travaux des champs, dans la beauté de l'arrière-pays provençal, à 25 km d'Aix-en-Provence, là où Cézanne peignait, les deux cinéastes vont faire partager au spectateur la vie des nonnes de l'Abbaye Notre-Dame-de-Fidélité de Jouques.

Et pas simplement leur vie. Car le titre est clair et absolument pas mensonger : c'est leur souffle qui va parvenir à ceux, chrétiens ou pas,qui seront réceptifs à la douceur des lieux, à l'envoûtement des voix féminines chantant leur amour pour l'être suprême auquel elles ont sacrifié leur vie terrestre.

Rarement, sauf peut-être chez quelques grands maîtres italiens, comme Roberto Rossellini et Pier Paolo Pasolini, on aura ressenti ce que le "religieux" veut dire.

Dès le début du film, où l'on suit sœur Bénédicte dans le plus important jour de sa vie, celui où elle prononce ses vœux perpétuels, on ressent l'intensité de ce moment où les portes de l'abbaye vont sur elle se refermer, là où cette jeune femme au joli visage apaisé finira sa vie inexorablement ridée et percluse de rhumatismes.

D'une beauté jamais austère, travaillant savamment les lumières à l'intérieur de l'abbaye, "Leur souffle" de Cécile Besnault et Ivan Marchika est une plongée complète dans un ailleurs lui aussi radical.

Les deux réalisateurs ont su pénétrer dans la communauté moniale sans effraction. Ils la décrivent petit à petit sans que cela donne l'impression du tour du propriétaire.

Préparant le repas, cueillant des fruits ou conduisant un tracteur au milieu des champs, les sœurs silencieuses vaquent à leurs activités. Si on les saisit en pleine méditation, on les retrouve aussi joyeuses et rieuses dans une épique partie de ballon-prisonnier.

A la vue de "Leur souffle" de Cécile Besnault et d'Ivan Marchika, on peut affirmer que ces disciples de Saint Benoît ne s'ennuient pas et qu'elles sont, au contraire, peut-être plus occupées que bien des "executive women" vantées par les magazines féminins.

Ce film solaire, apaisant, sur lequel rejaillit la bienveillance de ces femmes croyantes, ne convaincra pas forcément les athées de l'existence de Dieu ou d'un dieu, mais il leur fera admettre qu'on peut être sincèrement dévoué à une transcendance, surtout quand on vit une telle communion avec une Nature si exceptionnelle.

Si l'on veut rester terre à terre, "Leur souffle" est d'abord un voyage dépaysant qui fera du bien à tous ceux qui s'y laisseront guider par Cécile Besnault et Ivan Marchika.