John Wainwright est un écrivain britannique décédé il y a maintenant plus de vingt ans. Enchaînant différents métiers opposés, il a tour à tour travaillé dans l’immobilier, s’est engagé dans l’aviation anglaise où il a servi en Afrique de l’ouest et a ensuite travaillé dans la police où il a participé à de nombreuses enquêtes.
Il est aussi un auteur prolifique avec plus de 80 ouvrages à son compte, dont plusieurs séries policières, romans et nouvelles, certains d’entre eux ont été traduits chez Gallimard et au Masque. Il est notamment l’auteur de A table ! et de Garde à vue adaptés au cinéma par Claude Miller.
Parmi ses romans non traduits en français se trouvait un ouvrage assez incroyable, un roman publié en 1984, Une Confession, que les éditions Sonatine ont eu la bonne idée de publier en ce mois de mars 2019. Ce livre avait pourtant émerveillé Georges Simenon et sa lecture nous explique pourquoi, tant il nous fait penser aux grands chefs-d’œuvre du maître.
John Wainwright nous raconte l’histoire d’un certain John Duxbury, un homme d’une cinquantaine d’années, secrètement déçu par son existence. Son travail est devenu une routine, il est étouffé par un mariage sans amour avec Maude, et ne sait plus comment être heureux, ni s’il le sera encore un jour.
Un jour, un drame s’abat sur lui. Alors qu’il est en vacances avec son épouse à la montagne, celle-ci fait une chute mortelle. Quelques jours après, Benjamin Foster se présente au commissariat. Il dit avoir été témoin des faits et prétend que c’est John qui a poussé sa femme dans le vide.
Peut-on faire confiance à cet homme en tant que témoin ?
Un face-à-face d’une rare intensité se met alors en place entre John Duxbury et l’inspecteur Harry Harker, chargé de l’enquête avec, pour ambition, de découvrir la réalité.
La première partie de l’ouvrage est sous la forme d’un journal intime destiné à son fils que s’exprime John Duxbury. Il s’y confie entre pudeur et intimité, revient sur son parcours de vie, sa relation avec sa femme, dévoilant secrets, infidélité et émotions. Survient alors le drame, raconté par l’époux.
Les parties suivantes vont porter sur l’accusation du témoin qui accuse l’époux d’avoir tué sa femme, l’enquête de l’inspecteur, les tourments de l’accusateur, de nouveau des parties du journal intime de l’époux. S’y ajoutent entre ces parties l’évolution des émotions de l’enquêteur, entre colère, frustrations et ténacité. Petit à petit, page après page, l’enquête se dévoile, les vérités tombent comme les masques jusqu’à la confrontation finale éblouissante. L’enquêteur est persuadé que l’époux est coupable de la mort de son épouse, il va utiliser tous les moyens pour le confronter, intégrant les rebondissements, nouveaux témoignages qui arrivent au fur et à mesure de son enquête.
Une Confession est un ouvrage d’une très grande finesse, parfaitement construit autour d’une intrigue qui peut paraître simple, un époux a-t-il tué sa femme, mais qui repose en fait sur une psychologie travaillée des personnages.
Il aurait donc, au final, été fort dommage que le public français ne puisse pas profiter d’une traduction française pour cet ouvrage paru il y a plus de trente ans et qui, au final, n’a pas pris une ride. Une Confession n’a rien à envier aux meilleurs polars qui sortent tout le long de l’année dans différentes maisons d’éditions. Il se caractérise au contraire par une grande finesse d’écriture, un rythme ni trop lent ni trop rapide qui permet au lecteur de tirer les ficelles de l’intrigue avec délicatesse et plaisir. |