Surnommée la "nécromancière", Armelle Carbonel est avec son style viscéral et son extrême maîtrise du suspense en huis clos, l’une des voix les plus captivantes du thriller contemporain. Récompensée à de nombreuses reprises, experte en manipulation et rebondissements, elle est considérée aujourd’hui comme la nouvelle référence française du thriller psychologique. Sinestra, sorti en fin d’année dernière aux éditions Ring est déjà son troisième ouvrage.
L’histoire se passe en Suisse en 1942. Le Val Sinestra, refuge isolé au cœur de la vallée des Grisons entouré de monumentales montagnes, accueille un convoi de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre. Des mères brisées au bras de leur progéniture, des orphelins meurtris et atteints de désordres psychiques arrivent rapidement. Mais là où ils croyaient avoir trouvé la paix, les résidents vont vite réaliser que le mal a franchi la barrière avec eux.
C’est mon deuxième thriller édité par Ring que je lis. Le premier, Le manufacturier de Mattias Köping m’avait sérieusement remué les tripes. Celui-ci, je dois bien l’avouer, ne m’a pas beaucoup aidé à les replacer.
Encore une claque donc, avec cet ouvrage qui dégage une atmosphère très particulière et surtout très sombre. L’auteur nous enferme dans ce Val Sinestra pour un huis clos détonant, étouffant et terriblement angoissant.
Evidemment, le personnage principal de l’ouvrage est ce Val Sinestra, ce refuge qui accueille ces populations meurtries par la guerre. L’auteur lui donne même la parole dans l’ouvrage puisqu’il nous parle sous la forme de chapitres qui reviennent régulièrement dans l’ouvrage au milieu d’autres chapitres courts, voix des enfants et des mères présentes dans ce refuge. On suit au gré des chapitres courts qui s’enfilent rapidement de nombreux personnages comme Ana et sa mère Klara, Valère, un orphelin, Guillon, un surveillant du refuge et El doctor, le médecin chargé de soigner les maux de tous ces arrivants.
Les personnages sont nombreux et ils jouent tous un rôle important dans le livre. Ils se dévoilent et nous parlent tout au long du livre, certains semblant être plus important que d’autres dans l’histoire mais l’auteur prend soin de jouer sur ces illusions pour nous cacher leur véritable poids. Au final, certains personnages qui semblaient être anecdotiques s’avèrent avoir plus d’importance qu’il n’y paraissait.
Sinestra est donc un ouvrage diaboliquement bien construit, très noir et très sombre qui dégage une ambiance oppressante sur le lecteur et qui s’appuie sur une qualité d’écriture indéniable pour décrire lieux et personnages.
Armelle Carbonel fait mouche avec cet ouvrage, me donnant envie d’aller lire ses ouvrages précédents, ce que je ferai sûrement quand j’aurais un peu de temps.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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