Henryk Górecki : Symphony no. 3, Symphony of sorrowful songs
(Domino Records) mars 2019
Le retour en soprano de Beth Gibbons
Le 26 mars dernier, a eu lieu au MK2 Bibliothèque, un événement musical précieux. Beth Gibbons, chanteuse iconique de Portishead, est venu présenter l’enregistrement audio et vidéo (chez Domino Records) d’un concert donné presque 5 années plus tôt en Pologne : Henryk Górecki, Symphony No. 3 (Symphony of Sorrowful Songs), avec Krzysztof Penderecki aux commandes du Polish National Radio Symphony (orchestre symphonique national de la radio polonaise).
Une œuvre de musique contemporaine d'avant-garde (pièce pour orchestre et soprano composé en 1976 par Henryk Górecki, grand compositeur Polonais décédé en 2010, avec 3 mouvements ayant pour thèmes : la mère, la fille, puis à nouveau la mère.
Les échanges avec le directeur artistique, Jason Hazeley, à la fin de la diffusion, nous ont permis de prendre connaissance de quelques mots du texte en polonais "ne pleure plus maman", mots retrouvés gravés sur un des murs du cachot de la Gestapo à Zakopane (Pologne), venant ainsi éclairer la partie sombre du chant si puissant.
La pièce débute par un tempo très lent (Lento - Sostenuto tranquillo ma cantabile) et sobre, des violoncelles vibrent d’une gravité envoûtante jusqu’à l’arrivée des violons, puis de la harpe, du piano et enfin de la voix de Beth Gibbons placée en soprano alors qu’elle se situe en contralto (un registre plus bas) !
Cette voix qui portait dans nos souvenirs un caractère plaintif sur Dummy (premier album du groupe Portishead, sorti le 17 octobre 1994 sur le label Go! Beat), ici, dans l’interprétation de "Symphonie des chants plaintifs" (Op. 36) ne l’est plus du tout, bien au contraire. Ample, profonde et aérienne à la fois, elle emporte sur des sommets de vibrations rarement atteints. Du lyrique dans tout ce que ce chant peut comporter de plus beau et de plus magique pour environ 50 minutes de bonheur intense.
Son directeur artistique nous a confié que le plus grand défi de Beth avait été de suivre une partition sans savoir lire la musique et chanter en polonais sans connaître cette langue. Le texte lui a donc été écrit en phonétique. Elle a demandé la traduction, s’en est imprégnée pour savoir ce qu’elle allait chanter et a dû produire un réel travail pour réussir à être aussi "présente" émotionnellement malgré toutes ces contraintes techniques, en plus du tract fou qui lui nouait le ventre juste avant l’entrée en scène.
Petit détail qui a son importance : Beth ne chante pas debout, à côté du chef d’orchestre Krzysztof Penderecki, comme le veut la coutume. Elle est assise, avec les musiciens, ce qui rend encore plus impressionnante la prouesse vocale, une véritable performance !
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