Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Louis Couperus, mise en scène de Ivo Van Hove, avec Bart Bijnens, Mingus Dagelet, Jip Van Den Dool, Barry Emond, Eva Heijnen, Maria Kraakman, Rob Malasch, Chris Nietvelt, Massimo Pesik, Halina Reijn, Dewi Reijs, Michael Schnörr, Gijs Scholten Van Aschat et Leon Voorberg. Ivo Van Hove met en scène, avec sa sagacité consacrée et l'adaptation réalisée par le dramaturge Peter van Kraaij, "The Hidden Force" adapté du roman éponyme de l'écrivain néerlandais Louis Couperus qui relate, sur fond du dogme colonialiste, la déroute familiale, personnelle et idéologique d'un fonctionnaire responsable d'un district de l'île de Java pendant l'occupation hollandaise.
Celle-ci se déroule dans un lieu indifférencié, hors quelques inserts d'images d'archives, conçu par le scénographe Jan Versweyveld qui consiste en un immense caillebotis quasiment vide, hors un piano sur lequel le compositeur Harry de Wit dispense une musique invasive horripilante par son égrènement de notes, sur lequel se déversent régulièrement eau et brume matérialisant les phénomènes météorologiques caractérisant la mousson qui épuisent les organismes occidentaux.
Absorbé par une fonction qu'il a érigé en mission et fort de sa croyance en une mission civilisatrice de la colonisation occultant son fondement économique premier, Otto von Oudjick (Gijs Scholten van Aschat magistral dans la lente et inéluctable décomposition d'un homme colosse aux pieds d'argile) est coupé de la réalité à laquelle il va être durement confronté à la manière d'un violent retour de boomerang.
Ainsi il découvre l'infidélité de sa jeune seconde épouse (Halina Reijn) à la sexualité exacerbée qui multiplie les liaisons dont une avec son fils (Jip van Den Dool) et l'amour de sa fille (Eva Heijnen) pour un autochtone.
Simultanément, il est abattu par l'échec de son engagement face à la poussée nationaliste, au rang de laquelle figure un fils illégitime métissé (Bart Bijnens), soutenue par une élite locale faisant double jeu, tout comme l'épouse d'un de ses assistants (Maria Kraakman) encore plus idéaliste par sa croyance en l'importance et l'exportation de la culture européenne.
Et, de surcroît, il sombre dans l'irrationnel, frappé par des événements qu'il rattache à l'action magique d'une force des ténèbres déclenchée par les rituels des indigènes. Un spectaculaire mélodrame métaphorique porté comme une inexorable tragédie antique par une troupe émérite. |